le coup de massue dont la ville n’avait vraiment pas besoin à l’aube de son intronisation, avec tout le territoire du département, Capitale Européenne de la Culture... (DR)

Quand "Le Monde" assassine Marseille…

L’honorable quotidien Le Monde publie dans son édition du 1 février un long papier sur Marseille, dressant un tableau qui fait froid dans le dos, donne envie aux habitants qui le peuvent de lever le camp au plus vite et aux arrivants de changer dare-dare de destination…

Dans le bureau du procureur de la République, un lundi matin de janvier, le journaliste assiste à la présentation par deux magistrats du bilan des "affaires marquantes" du week-end. Il complète son immersion dans ce monde inconnu du quidam par un crochet au troisième étage du palais de justice de Marseille, « la permanence d'urgence du parquet qui traite en temps réel les appels de tous les commissariats de la cité… ». Le lieu idéal pour entendre la ville gémir de terreur.

Sans surprise, la liste est longue de délits de toute nature, le spectre de la délinquance et du crime hante tous les quartiers… Braquages, vols à mains armées, règlements de comptes, vols de sac à l’arraché, agressions de chauffeurs de bus - deux mineurs de 16 ans et 15 ans sortent de leur sac un cutter et un pied-de-biche. "On va te défoncer, sale bâtard"- séquestration d’une inspectrice de l’Urssaf, coups de couteau entre bandes sur la Canebière…

Sans surprise, les commentaires des fonctionnaires sont désespérants, dans le style « ici, on vide chaque jour la mer à la petite cuillère", ou les chiffres "disent le désarroi d'une société en proie à une violence meurtrière désordonnée et incontrôlable", selon les mots du procureur de la République de Marseille, Jacques Dallest…

Et pour qui n’aurait pas bien pris la juste mesure de la dangerosité de cette ville, quelques rappels : « de tous les tribunaux, Marseille est celui qui prononce le plus de condamnations à des peines d'emprisonnement ferme, dix-huit mois en moyenne contre huit à neuf dans les juridictions de même importance. Mais la ville est aussi celle où le taux de récidive est deux fois plus élevé qu'ailleurs ». Braves gens tirez-vous !

Un encadré complète l’article, qui rappelle, comme pour la forme, quelques chiffres de la pauvreté dans les cités : les 44 % des moins de 18 ans qui vivent sous le seuil de pauvreté, et les 100 000 emplois manquants pour « afficher un taux de développement comparable à celui des autres grandes villes françaises… »

En réalité, rien que de ce que l’on sait déjà sur la ville, mais un empilement de propos de magistrats et de chiffres qui mis bout à bout dessinent le profil d’une cité phocéenne cauchemardesque, rongée par l’insécurité jusque dans le cœur de ville, siège du commissariat central.

Parions qu’un reportage de même nature sur toute autre agglomération révèlera une liste quasiment identique de délits, mais Marseille berceau de la grande délinquance est devenu une tarte à la crème dont raffolent les lecteurs, qui alimente les discussions de salon et de comptoirs... pourquoi s'en priver? Le Monde s'est donc senti obligé d'en rajouter une couche.

Au bout du compte, le coup de massue dont la ville n’avait vraiment pas besoin à l’aube de son intronisation, avec tout le territoire du département, Capitale Européenne de la Culture 2013. Quand "Le Monde" assassine Marseille…