"Ils sont fous", "je vais les tuer", c’est ce qu’a lancé Philippe Saurel en conseil de Montpellier Méditerranée Métropole au côté de Christian Fina, grand compagnon de route de Georges Frêche qui l'avait nommé Directeur général des Services de l’Agglo le 1er mai 2010.

Vidéo : Hors micro, Philippe Saurel balance "ils sont fous", "je vais les tuer" en conseil de Montpellier Méditerranée Métropole

"Je vais les tuer". On dirait du Frêche dans le texte, mais ce sont des mots prononcés mercredi soir en session d'assemblée métropolitaine par Philippe Saurel, l'actuel maire de Montpellier et président de sa métropole. Au fond, tout cela n’est guère étonant, puisque l'ancien socialiste disident devenu Citoyen du Midi est de facto l'héritier sur le grand Montpellier, après avoir suivi de près et accompagné durant de très longues années tout son art de la politique immortalisé dans le film Le Président de Yves Jeuland. Un film où on parlait également de "tue(r) en premier"...  

« Je suis libéré sur le pacte de confiance des maires. C'est fini, ils m'ont donné les pleins pouvoirs, ils m’ont donné les pleins pouvoirs. Ils sont fous. J’ai économisé 5 millions d’euros ce soir », « ce soir, il faut les fatiguer, les user… (…) Je vais leur faire sept heures de conseil, je vais les tuer ». Ce sont les mots prononcés hors micro par Philippe Saurel, maire de Montpellier et Président de Montpellier Méditerranée Métropole, mais bien entendu par toutes et tous, lors du conseil de cette dernière collectivité filmé et retransmis en direct sur la Toile, mercredi soir.

« Montpellier : Saurel se lâche en plein conseil, pensant son micro coupé », a titré le quotidien Midi Libre en diffusant l’extrait vidéo concerné en sous-titrage. Ceci dit, il a, entre deux semi-apartés, déclaré au micro, haut et fort auprès de l’assemblée, que cette session et ses votes n’étaient pas à classer au rang « des instants » qui « sont particulièrement jouissifs ».

Pas de mea culpa

Interrogé sur ses propos, Philippe Saurel persiste et signe dans les colonnes du Midi Libre du jour :

« Les maires ont marché sur le pacte. Ils l'ont renié. Le vote de la séance le montre. Notre collectif est bâti dessus, il donne au maire la primauté de la représentation communale. Mes propos n'ont pas été tenus sous le coup de la colère. Ce que j'ai fait pour Monsieur Rico, je l'aurais fait pour n'importe quel maire. »

Pour le conseiller municipal montpelliérain Alex Larue, membre de l’opposition étiqueté Les Républicains, «"je vais les tuer", cette sentence destinée aux conseillers métropolitains marquera de façon indélébile le mandat de Monsieur Philippe Saurel à la tête de Montpellier Méditerranée Métropole ».

C’est ce qu’il affirme dans son communiqué de presse daté du 30 septembre et qui se poursuit ainsi :

« Au-delà de la violence de ces propos, même s’ils sont métaphoriques, il ressort une conception de la politique et de la chose publique très éloignée des incantations du début de mandat sur "faire de la politique autrement". La fiction des séries politiques tant américaines que françaises est désormais rattrapée par la réalité et nous sommes plongés au cœur d’une triste série Z politique. Ce constat fait, nous devons maintenant repenser la gouvernance de la Métropole qui était entièrement basée sur le "Pacte de confiance" des Maires, qui est désormais piétiné. Mais ne nous trompons pas, il a été piétiné non pas par les Maires ou les Vice-Présidents qui ont simplement manifesté leur soutien à une personne qui a exercé ses fonctions avec compétence et rigueur, mais par le Président de la Métropole quand il dit "C’est fini, ils m’ont donné les pleins pouvoirs, ils sont fous". Le Pacte de confiance rompu, il se pose également la question de confiance de l’assemblée envers l’exécutif. »

Pour toutes ces raisons, Alex Larue demande « la réunion d’un conseil de Métropole extraordinaire ou chacune et chacun pourra s’exprimer sur une gouvernance apaisée et surtout à la hauteur du mandat qui nous a été donné par nos administrés. » C’est vraisemblablement le temps des explications de tous bords à l'abordage, des séquences comme Georges Frêche avait habitué les observateurs politiques à Montpellier. Reste à savoir comment cela se terminera, à suivre donc !