Lundi 2 novembre, le ministère chinois du Commerce à sommé la population du pays à faire des stocks alimentaires de première nécessité

Covid-19 : La chine se prépare-t-elle au pire ?

Lundi 2 novembre, le ministère chinois du Commerce à sommé la population du pays à faire des stocks alimentaires de première nécessité pour pallier certaines éventualités, sans donner plus de détails.

Depuis hier, un communiqué officiel sur le site Internet du ministère chinois du Commerce invite « les ménages à stocker une certaine quantité de produits alimentaires de première nécessité afin de faire face aux besoins quotidiens et aux cas d’urgence ». Le communiqué ne précise pas les causes d’une telle requête et ne fournit pas plus de détails, laissant plusieurs points d’intégrations en suspens.

Dans le même temps, le ministère appelle les différentes autorités locales à faciliter la production agricole et les flux d’approvisionnement, à surveiller les réserves de viande et de légumes et à maintenir la stabilité des prix.

Pour tenter d’expliquer cette mystérieuse mesure, certains médias y vont de leur théorie en évoquant les tensions politiques entre la Chine et Taiwan, une augmentation des cas de la pandémie de Covid-19, ou encore les récentes inondations qui ont perturbé les récoltes et les terres agricoles du pays.

Recrudescence des cas de covid : stocker de la nourriture pour faire face à un regain de la crise ?

Peu après le communiqué du ministère du Commerce, le Comité central du Parti communiste chinois s’est voulu rassurant et a exhorté la population à ne pas s'alarmer des directives énoncées, rappelant toutefois que de nombreux ménages avaient été pris dans les blocages liés au Covid sans réserve adéquate en riz et légumes. En effet, au pic de l'épidémie de Covid-19, lors du premier trimestre de l’année 2020, les chaînes d'approvisionnement avaient été troublées par la mise en quarantaine de plusieurs parties du pays et le blocage de nombreux axes routiers.

A l'approche des Jeux olympiques d'hiver à Pékin en février 2022, le pouvoir ne veut prendre aucun risque quant au bon déroulement de cet événement qui peut redorer l’image du pays auprès d’une opinion mondiale toujours méfiante du rôle de la Chine dans l’apparition du virus.

Ces dernières semaines, suite à l’augmentation des foyers de contamination de Covid-19 dans le nord du pays, pas moins de 6 millions de personnes ont été confinées. Le nombre de cas enregistrés reste cependant très bas par rapport aux bilans constatés dans le reste du monde. Seuls 71 nouveaux cas de contamination ont été annoncés mardi pour les dernières 24 heures, après 92 cas lundi, soit le bilan national le plus lourd depuis septembre.

Stockage alimentaire sur fond de tensions diplomatique entre la Chine et Taiwan

La dégradation des relations sino-taiwanaise débute fin septembre lorsque le petit État insulaire demande à rejoindre le Partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP). Signé par 11 pays d'Asie-Pacifique en 2018, le CPTPP est le plus grand pacte de libre-échange de la région. Il représente environ 13,5% de l'économie mondiale et 500 millions de personnes. Bien que le danger fût toujours présent, la possibilité d'une action militaire de la Chine pour prendre le contrôle de l'île de Taïwan a rarement été aussi élevée. Aux menaces militaires s’ajoute une pression politique de Pékin en prônant le concept de "Chine Unique", et considérant que la reprise de Taïwan n’est une suite logique du plan de Xi Jinping de réunifier tout le pays sous une même autorité.

De leur conté, les États-Unis estiment devoir défendre Taïwan coûte que coûte, y compris militairement.

Cet antagonisme des deux superpuissances mondiales, peut susciter des craintes pour le géant asiatique au point d’inciter sa population à prévoir des stockages de nourriture pour contrer un éventuel siège ou embargo alimentaire amorcer par les États occidentaux pour défendre Taiwan.

Des inondations estivales qui ont détruit les capacités agricoles du pays

Les terribles inondations qui ont frappé le pays l’été dernier ont détruit des zones productrices de blé et impacté le paysage de la demande en grains. La province du Henan, grande région pourvoyeuse de blé, fut particulièrement touchée. Déjà premier importateur mondial de produits alimentaires, la chute du rendement agricole chinois, notamment du blé, des arachides et du maïs, alimente chaque jour la rumeur d’une hausse de la demande chinoise et influence les prix du marché international.

Cette situation rend l’empire du Milieu vulnérable aux tensions diplomatiques, et dépendant des fournisseurs étrangers hostiles à la politique chinoise comme les États-Unis, le Canada ou l'Australie. Avec une démographie qui compte pour 20% de la population mondiale, pour seulement 8% des terres cultivables, le géant asiatique n'a d'autres solutions que d'augmenter ses capacités de production, inciter les Chinois à plus de retenu et à stocker plus pour économiser plus.