DR - Stefano Liberti et Enrico Parenti ont filmé le quotidien des Roms, originaires d'ex-Yougoslavie et de Roumanie, tels qu'ils sont parqués dans des containers aux environs de Rome

Salone, le plus grand camp de Roms, présenté au Festival International du Film des Droits de l'Homme à Paris

La 12ème édition du Festival International du Film des Droits de l'Homme qui a eu lieu en mars à Paris au Nouveau Latina sous la direction de Vincent Mercier a présenté le film des journalistes italiens Stefano Liberti et Enrico Parenti. Ce dernier est aussi producteur et co-auteur de films documentaires.


"Camp équipé" dans un terrain vague

Ensemble, Stefano Liberti et Enrico Parenti ont filmé le quotidien des Roms, originaires d'ex-Yougoslavie et de Roumanie, tels qu'ils sont parqués dans des containers aux environs de Rome, et sans cesse tentant de survivre et d'obtenir des documents de régularisation.

Comparés à ces Roms, les Roumains se débrouillent mieux, car ils possèdent des cartes de séjours et peuvent donc travailler. Les familles de Bosnie-Herzégovine et du Monténégro n'ont pas cette chance. Etant pour la plupart nés en Italie, ils sont absents des registres des administrations des pays d'origine et ils ne parviennent pas à obtenir de permis de travail. 

Stefano Liberti et Enrico Parenti ont ainsi suivi le couple Giuseppe Salkanovic et Mirjana Halilovic, parents de quatre enfants scolarisés, en attente de nouvelles jumelles, dans des conditions terrifiantes. Même en se levant aux aurores, les jeunes écoliers arrivent toujours en retard à l'école car Salone, ce "villaggio  attrezzato" (camp équipé) est loin des routes et difficile d'accès.

Il est le symbole d’une politique qui multiplie les problèmes au lieu de les résoudre. Les autorités décrètent l’incapacité des Roms à s'intégrer dans la société tout en les isolant dans des ghettos, sans boutiques, stations de bus ou voisins.

Plus de mille habitants sont alors obligés de chercher chaque jour des moyens de transport et d'inventer mille et une manières de survivre. Mais ils ne perdent pas espoir et arrivent même à faire la fête et à s'amuser.

 

 

Des enfants à l’avenir incertain

"Les habitants du camp nous ont accueillis avec une grande confiance: ils nous ont ouvert leurs baraquements, raconté leur vie et leurs espoirs. Grâce à eux , nous avons même pu vivre dans un "container" à l'intérieur du camp. L'expérience la plus riche a sans doute été de travailler avec des enfants, certes perturbés et instables, mais incroyablement attachants.

Il est triste de constater que ces enfants, qui vivent dans des conditions misérables, n'auront jamais les mêmes opportunités que les autres enfants italiens et demeureront toujours des étrangers, bien que nés en Italie et y ayant grandi "- soulignent des auteurs du documentaire.

Ce film de 62 minutes a été très bien accueilli au Festival International du Film de Rome avec même une vraie déferlante des médias locaux et nationaux.

Seulement les politiques l'ont complètement ignoré malgré des invitations envoyées aux services compétents de la mairie de Rome. Certains sont venus mais n'ont même pas pris la parole durant les débats organisés après les projections.

Les trois représentations de ce témoignage poignant ont fait salle comble dans le cinéma Nouveau Latina et des journalistes cinéastes sont invités dans de nombreuses villes françaises et africaines. Le Sarajevo Film Festival qui aura lieu en août dans la capitale bosnienne souhaiterait aussi le présenter à son public.