Abdelmalek Sellal, directeur de campagne, a été contraint de rebrousser chemin devant les émeutes qui ont secoué la ville de Béjaïa à l’annonce de sa venue... (DR)

No pasarán !

La campagne électorale menée par les hommes de Bouteflika n’est pas une promenade de santé, comme ils pouvaient se l’imaginer. Le clan présidentiel découvre l’ampleur de l’hostilité populaire au quatrième mandat. Le climat est de plus en plus tendu dans la dernière ligne droite.

L’ex-premier ministre directeur de campagne, le secrétaire général du FLN, les deux ministres en exercice, le directeur du cabinet présidentiel et l’obscur conseiller à la présidence qui arpentent le territoire national pour discourir à la gloire de Bouteflika prêchent le plus souvent dans le désert, dans des salles quasiment vides, malgré les moyens considérables mis à leur disposition pour rameuter les foules, mais pas seulement.

Les organisateurs sont régulièrement confrontés à des manifestations anti-régime, les slogans fusent dénonçant la mainmise d’un clan qui s’obstine à vouloir imposer la candidature d’un homme malade et qui plus est responsable d’un bilan désastreux après quinze années à la tête de l’Etat.

Abdelmalek Sellal, directeur de campagne, a été contraint de rebrousser chemin devant les émeutes qui ont secoué la ville de Béjaïa à l’annonce de sa venue. La Maison de la Culture où devait se tenir le meeting a été incendiée.

Les ministres « Amara Benyounès et Amar Ghoul ont été chassés de Sour El-Ghozlane et chahutés à Marseille, Lille et Bruxelles. Ahmed Ouyahia a été sommé de “dégager” d’Oum El-Bouagui, vendredi dernier. Le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, qui devait rencontrer les électeurs de Batna, a dû se réfugier dans un commissariat pour échapper à la vindicte populaire », rapporte le journal Liberté dans son édition de lundi 7 avril. Le clan présidentiel à la recherche de boucs émissaires attribue sans surprise cette vague de contestation au mouvement « Barakat » (ça suffit !).

Le candidat Ali Benflis, seul rival de poids (très relatif) à Bouteflika, a en revanche rassemblé près de 20.000 personnes à Batna, sa ville de naissance, confirmant les relents de régionalisme qui empoisonnent la campagne. Le même candidat multiplierait par ailleurs les signes de ralliement en direction de la base de l’ex Front islamique du salut (FIS).

Jusque-là indifférents à une campagne pour un scrutin bidon en faveur de Bouteflika, les Algériens découvrent que le clan de ce dernier est en réalité dans une mauvaise passe, qu’une fraction de la société est déterminée à lui faire barrage et que surtout, le recours habituel à la fraude pourrait mettre le feu aux poudres… No pasarán!