Serge Rubio, crivain montpelliérain est venu parler de la colonie pénitentiaire pour enfants de Montlobre, sinistre épisode de l'histoire régionale

Musc'art 71: avec Serge Rubio, Montlobre, de sinistres évocations

C’était le 71è Musc’art, ce jeudi 6 septembre, au restaurant Côté Mer, qui lui, est toujours fidèle au rendez-vous de ceux qui veulent bien passer un moment de culture autour d’un verre et dans une ambiance qui elle aussi fait du bien à l’esprit. Mais voilà, c’était « la rentrée », encore les vacances pour beaucoup et on a fait avec quelques petits nouveaux, venus du quartier, qui heureusement, ont honoré de leur présence, l’invité du jour d'Angela Mamier, digne de l’avoir été, comme nous allons le montrer.

Serge Rubio est un scientifique, professeur de chimie, qui a écrit une demi-douzaine de livres, après avoir aussi été un grand voyageur, qui connaît presque tous les continents du monde.

Venu de Montpellier, il nous a présenté peut-être son livre qui connaît le plus de succès « Montlobre : enfances dérobées » (Editions du Cygne 2015)puis  il a développé sur sa genèse et son contenu, pour laisser son public bouche bée, devant cet épisode d’histoire régionale presque contemporaine qui en a fait frémir plus d’un, vu son caractère incroyablement terrible.

Né à Baillargues, Serge Rubio habite Combaillaux. Il va acheter son vin, celui « de la colonie », sur l’étiquette-avec une jeune fille souriante, heureusement, comme on le verra !- Il cherche à en savoir plus et le voilà sur la piste de « la colonie de Montlobre », près de Vailhauques, où résidaient les enfants condamnés à cette résidence pénitentiaire, à la fin du XIXè siècle, pour même le vol d’un pain ! Le Jean Valjean de Victor Hugo n’est pas loin, et a vraiment existé, au pied des portes de Montpellier. Logés, nourris, habillés dans des conditions incroyablement scandaleuses, dirait-on aujourd’hui, ces enfants étaient taillables et corvéables à merci et étaient essentiellement utilisés aux travaux de la vigne, par des vignerons qui ne regardaient pas d’aussi près, les conditions de vie faites à ces jeunes et une population, qui jouait même le rôle de rabatteur, quand il s’agissait de reprendre un fuyard, car la prime se partageait avec les matons de l’époque !

300 enfants à Montlobre. L’Etat payait 75 centimes par jour, la valeur d’un pain, pour leur entretien. Enfants « loués » aux propriétaires-viticulteurs pour les vendanges puis ont construit le premier chemin carrossable à Combaillaux . Avec les Matelles et Aniane, les orphelins du Père Soulas ont été séparés des « délinquants », qui atterrissaient à Montlobre, pour vivre les pires sévices et conditions de vie. Pas étonnant que Marie Rouanet, même elle, ait été froidement reçue dans le coin, quand elle a voulu enquêter sur « le bagne d’Aniane ». Serge Rubio a osé, lui, revenir sur ce passage plutôt sombre de l’histoire régionale, avant-première des camps de concentration allemands, épisode peu glorieux de l’Histoire socio-judiciaire de cette fin de 19è siècle. Même dans la mort, ces enfants n’étaient pas respectés, d’où le peu de descendants qui ont pu témoigner.

Serge Rubio s’est entretenu avec un public intéressé qui lui a posé des questions et lui a fait avouer son intérêt pour les « petits », les paysans, ceux de la Lozère, à l’origine de son désir d’écriture. La Région Occitanie sera alors toujours présente dans ses livres, même si on y trouve aussi la Namibie et le Bostwana et bien sûr l’Espagne de ses racines, avec Alicante et Narbonne, dans son dernier ouvrage .

L’humain, l’injustice vis-à-vis des pauvres, l’histoire révolue d’une époque pas si lointaine qui imposait des mauvais traitements aux enfants, pour des bricoles-Marcel Carné n’a même pas pu sortir un film là-dessus-voilà ce qui préoccupe  l’homme et l’auteur, Serge Rubio, dont la sincérité, le talent de chercheur et d’historien a su convaincre son auditoire, même au-delà de l’entretien, au cours du repas qu’il a partagé avec son public. Cela reste le charme de ces moments forts que propose Musc’art à ceux qui lui restent s fidèles. Puissent-ils le rester encore un certain temps, pour faire honneur à cette institution, qui voudrait bien au moins finir l’année 2018, dans de bonnes conditions, avec celles et ceux qui continuent là lui faire confiance….

Ce soir-là, on avait droit à une petite friture avec la bière! Merci Stéphanie, toujours aussi prévenante.