Apnée du sommeil, Philips rappelle ses respirateurs en raison des risques pour la santé

Apnée du sommeil: des respirateurs Philips présenteraient « un risque cancérigène »

L'entreprise hollandaise Philips est dans l'œil du cyclone après que ses appareils d’apnée du sommeil ont été soupçonnés d’avoir provoqué un cancer des ganglions à ses utilisateurs. L'ANSM, l’Agence de sécurité du médicament va analyser de plus près cette affaire.

370.000 personnes en France utilisent l’appareillage de Phillips contre l’apnée du sommeil. Récemment, les témoignages recueillis par RMC ont jeté un pavé dans la marre quant à une éventuelle rapport entre le cancer des ganglions et des appareils défectueux de Phillips. Selon le récit de RMC, Mathieu, 44 ans, a été diagnostiqué avec un lymphome quelques jours après avoir découvert que des milliers d'appareils Philips contre l'apnée du sommeil, dont le sien, étaient potentiellement cancérigènes. Mathieu raconte que ni son pneumologue, ni Philips ni les prestataires chargés d’entretenir l’appareil ne l’avaient prévenu.
Signalons que Philips avait annoncé, en juin dernier, le rappel de plus de cinq millions de ses modèles fabriqués avant le 26 avril 2021, dont 370.000 rien qu’en France. Néanmoins, 8 mois après cette annonce, Philips n'en a récupéré que 25.000, soit à peine 7% des appareils présents sur le territoire. Par ailleurs, faute de communication, la plupart des utilisateurs de ces appareils ne sont pas au courant du risque qu'ils encourent.

Des particules chimiques à l’origine des cancers

À l'origine des problèmes causés par les appareils, une mousse insonorisante à l'intérieur des machines dites PPC (Pression Positive Continue) qui, en se dégradant, relâche des particules organiques volatiles, provoquant irritation, maux de tête, asthme et potentiellement un cancer.
Après l’éclatement de l’affaire, plusieurs associations se sont constituées pour s’indigner contre le géant hollandais et contre le statisme des autorités sanitaires. Ainsi, Christian Trouchot, le président d’Airas, une association d’insuffisants respiratoires, a vigoureusement dénoncé la situation, comparant Philips au Mediator, médicament ayant causé la mort de 1 500 à 2 100 personnes. M. Trouchot affirme que ce scandale sanitaire est étouffé pour des raisons financières.

Malgré tout, certains médecins continuent de recommander les appareils de Philips

Toujours selon les témoignages recueillis par RMC, en l’absence d’alternative, les médecins, particulièrement les pneumologues, continuent de conseiller à leurs patients l'utilisation de ces appareils en attendant leur remplacement. Ces médecins indiquent généralement qu'il n’y a aucune dangerosité à signaler tant les bénéfices dépassaient les risques. Cela rejoint également les déclarations de Jan Kimpen, directeur médical monde de Philips, qui affirme qu’il n’y a aucune preuve concrète que les appareils de l’entreprise causeraient le cancer. Néanmoins, signalons que l’entreprise elle-même a affirmé que le risque de cancer était réel. Une contradiction qui risque d’alimenter un peu plus les suspicions des utilisateurs des appareils Phillips.

Réaction des autorités sanitaires françaises


L'Agence du médicament a récemment durci le ton contre Philips. L’autorité sanitaire française refuse d’exclure le risque cancérigène que peuvent représenter les machines de Philips. Dans une déclaration à la presse tenue ce mardi, l’agence de sécurité du médicament a accusé Phillips de ne pas tenir ses engagements. Elle compte également amorcer des mesures de "police sanitaire" très prochainement.
L'ANSM entend contraindre la firme batave à remplacer 75% des appareils défectueux d’ici juin 2022. Un suivi rigoureux sera adopté pour surveiller l’évolution du processus. Autres mesures, l'ANSM annonce qu'une étude épidémiologique va être faite, pour analyser les risques qu’engendrent les particules chimiques utilisées dans la mousse des appareils. On a également exhorté Philips d’améliorer sa communication envers ses patients.
Enfin, si la société ne respecte pas les mesures de police sanitaire entreprises par l'ANSM, des conséquences pénales pourraient être envisagées.

L'apnée du sommeil, qu'est-ce que c'est ?


L’apnée du sommeil est une affection qui touche 4% de la population française. Elle se manifeste par des arrêts inconscients de la respiration. L’apnée du sommeil se remarque généralement chez les individus en surpoids, âgées ou ceux dont le ronflement est conséquent.
Par définition, ces coupures respiratoires durent plus de 10 secondes (parfois, elles peuvent atteindre plus de 30 secondes). Elles se produisent plusieurs fois par nuit. Cependant, elles sont considérées comme médicalement problématiques lorsqu’elles dépassent 5 par heure.
Dans la plupart des cas, les apnées sont causées par un relâchement de la langue et des muscles de la gorge. Ces derniers ne sont pas suffisamment toniques et bouchent le passage de l’oxygène lors de la respiration. En somme, c’est une obstruction des voies respiratoires au cours du sommeil.