Révélations autour de l'utilisation du logiciel Pegasus, sans mandat judiciaire

Israël: nouvelles révélations sur les opérations d'espionnage de la police

Le logiciel espion israélien, Pegasus, aurait été utilisé par la police de l’État hébreu pour espionner sans autorisation des hauts cadres du gouvernement, des journalistes et des hommes d'affaires.

Les scandales liés à l’utilisation du logiciel espion Pegasus continuent de défrayer la chronique. Cette fois, c’est la police israélienne qui se retrouve dans l’œil du cyclone. En effet, après des investigations qui ont duré plusieurs mois, le journaliste Tomer Ganon a publié les conclusions de son enquête dans le journal Calcalist. Selon lui, la police israélienne aurait utilisé le logiciel d'espionnage Pegasus pour pirater les téléphones de personnalités publiques, de journalistes et de membres de l'entourage de l'ex-premier ministre Benyamin Nétanyahou.
Le recours au programme Pegasus pour recueillir des renseignements était devenu une pratique courante de la police israélienne. Cette utilisation se faisait sans mandat judiciaire et visait 26 personnalités de divers profils. L’article cite des responsables politiques, économiques et associatifs, des maires et même des ministres actuellement en exercice, parmi lesquels le ministre de la Défense, Benny Gantz.

Néthanyahou et ses proches traqués par Pégasus.

Au terme de plusieurs mois d’investigation, la police israélienne et le Shabak (ou Shin Bet, l’équivalent des renseignements généraux) ont traqué des proches de l’ancien Premier ministre Benyamin Nétanyahou, actuellement jugé, entre autres, pour des faits de corruption et des malversations. Parmi ses proches, on trouve les propres fils de Néthanyahou dont les téléphones auraient été hackés par le logiciel espion Pegasus.
L’ampleur de cette affaire d’espionnage est telle que Tomer Ganon estime que la vraie problématique n’est plus de connaitre qui a été visé par Pégasus, mais qui ne l’a pas été. Le journaliste affirme que toutes les pistes de ce scandale mènent vers une personne seule personne, Roni Alsheich, l’ancien numéro deux du Shabak et commissaire général de la police israélienne de 2015 à 2018. On note également que Alsheich n’est autre que l’ancien protégé de Benyamin Nétanyahou.

"Les faits présumés sont très graves", juge le premier ministre israélien

Dans un communiqué de presse, le premier ministre israélien a assuré sa volonté de prendre les mesures nécessaires pour tirer les choses au clair. Signalant la gravité des faits présumés, Bennet a rappelé que les outils d’espionnage ne sont pas destinés aux opérations d’hameçonnage contre le peuple israélien ou ses responsables.
Rappelons que la NSO, la société fondatrice du logiciel Pegasus, s’était déjà fait épinglée en 2021 par une enquête menée par un consortium de 17 médias internationaux. À l’époque les conclusions de l’enquête avaient affirmé que Pegasus avait permis d'espionner les téléphones de journalistes, d'hommes politiques, de militants et de chefs d'entreprise dans différents pays. C'est ce qui a amené les États-Unis à placer la firme sur la liste noire.

Une enquête interne déjà lancée, avec déjà des premières conclusions

Amit Marari, adjoint du procureur général est à la tête d’une commission d’investigations qui a été mise en place pour examiner ces accusations de piratage. Marari mène ses investigations en collaboration avec les représentants des agences du Shin Bet et du Mossad. D’après les premiers éléments de cette enquête interne consacrés aux accusations portées contre la police, seules trois personnes sur les 26 individus cités dans l’article de Calcalist auraient été réellement espionnées. Les conclusions de cette enquête préliminaire, partagée avec Bennett par le biais du ministre de la Sécurité intérieure Omer Barlev, estiment que seuls les téléphones de trois personnes auraient été espionnés, et cela, avec l'assentiment d'un juge. L’identité des trois personnes n’a pas été révélée.
Enfin, selon le bureau du Premier ministre, la décision d'une éventuelle nouvelle prise en charge du dossier ne sera prise qu’à l’issue de la présentation des conclusions définitives de cette enquête particulière.