La célèbre place Jamaâ El Fna à Marrakech. (DR)

Le Maroc garde confiance en l’avenir

En causant la mort de dix-sept personnes le 28 avril dernier, l’attentat perpétré au café Argana, à Marrakech, a semé l’effroi dans l’opinion publique internationale et l’inquiétude du côté de la population et des dirigeants marocains. Cette attaque terroriste, la plus sanglante depuis les attentats de Casablanca du 16 mai 2003, est à l’évidence préjudiciable pour l’image de marque d’un pays où l’économie du tourisme pèse pour 8% du PIB national.

Survenant deux mois après le mouvement pacifique mais massivement suivi du 20 février, appelant à la libéralisation politique, « l’attentat n’a pas eu de conséquences trop ennuyeuses, livre Carlos Barreira, de l’agence « Massilia Voyages », basée à Marseille. Le Maroc a eu la chance que cet attentat s’inscrivait dans un contexte de tensions généralisées. Cela s’est vite estompé dans les médias et la clientèle oublie très vite ». Conscient des retombées négatives du printemps arabe, ce dernier déplore malgré tout «une baisse sensible des voyages vers le Maghreb, située entre 30 et 50%. Mais, le Maroc, qui est le pays le plus évolué, s’en tire mieux.»

« L’attentat n’a été qu’un grain de sable car nos institutions sont solides, estime pour sa part un fonctionnaire marocain affecté aux relations internationales. Et les nouveaux pôles de développement contribuent à mettre en valeur l’artisanat, les infrastructures. Depuis quelques années, le Maroc a su mettre en place un management du tourisme à partir duquel les objectifs sont ciblés. »

Le responsable met aussi en exergue la diversification des formes de tourisme proposées. « En dehors des activités balnéaires, les étrangers viennent ici pour les villes impériales, la pêche, la nature. » Et, c’est vrai que le Maroc jouit d’une image dynamique auprès de la communauté internationale en se faisant l’hôte de multiples événements de grande envergure.

Figurer parmi les vingt premières destinations mondiales

Après la 2e édition, achevée, du Festival des Sciences à Oujda, et le 18e Salon international de l’édition et du livre se déroulant jusqu’au 19 février à Casablanca, d’autres rendez-vous seront le point de rencontre d’acteurs de diverses nationalités. Dans les domaines de la cinématographie, de l’agriculture, du sport, de l’humour, avec le célèbre Festival international du rire de Marrakech, le Maroc aura l’opportunité en 2012 de faire valoir son savoir-faire en matière d’organisation. Un pays concerné par la question contemporaine de l’environnement à l’image de la réception de la 1ère édition du Salon international de l’énergie solaire à Marrakech, du 9 au 12 février.

Avec la Vision 2020, impulsée par le Roi Mohammed VI et présentée le 30 novembre 2010, le Maroc table sur 20 millions de touristes chaque année. L’objectif étant de figurer parmi les vingt premières destinations mondiales. Construite à partir d’une stratégie de régionalisation touristique et dans le respect de l’environnement, cette opération compte s’appuyer sur huit territoires homogènes. Cette recherche de solidarité territoriale devrait progressivement faire oublier la distinction entre le « Maroc utile » et le « Maroc inutile ».

Si l’offre balnéaire restera l’objet de nombreux efforts, un rééquilibrage au profit de la mise en valeur du patrimoine culturel est programmé. La marche du Maroc vers la modernisation a fait un nouveau pas lors de l’inauguration, le 1er décembre dernier à Casablanca, du plus grand centre commercial d'Afrique, le Morocco Mall, dont on espère que ses salles de cinéma, sa patinoire, ses attractions pour enfants, sa fontaine musicale et son aquarium géants draineront 14 millions de visiteur par an. Et la folie des grandeurs ne s’arrête pas là, puisque la construction d’un immense parc d’attraction de type Disneyland, d’une superficie de 34 hectares, dans la région de Casablanca, est à l’étude.

L’orientation politique marquée en faveur du développement du tourisme semble pouvoir renforcer l’attractivité du Maroc. A lui maintenant de bien négocier ce tournant capital.

Le procès en appel de l’attentat du 26 avril 2011 reporté

Le 28 octobre dernier, six mois après l’attentat de Marrakech, neuf hommes ont été condamnés en première instance par la Chambre criminelle. Adil el-Atmani, l’homme qui aurait déposé la bombe et déclenché l’explosion, a été condamné à mort, son principal complice a écopé de la perpétuité, tandis que les sept autres suspects se sont vus infliger de deux à quatre ans d’emprisonnement. Le Parquet de Rabat a fait appel de la décision. Le procès en appel, qui devait initialement commencer le 23 janvier dernier, a été reporté au 20 février.