attentat meutrier à Damas... (Xinhua)

Syrie : livrer des armes sur un champ de cadavres, un projet irresponsable

Deux années après le déclenchement de la guerre interne en Syrie, les chiffres donnent la mesure d’une situation apocalyptique : 70.000 morts, un million de réfugiés, plus de deux millions et demi de déplacés…

L’organisation Médecins sans Frontières (MSF) dresse le constat d'une catastrophe humanitaire de grande ampleur et relève le sort désespéré de populations de plus en plus nombreuses, dont des enfants surtout, des femmes et des vieillards, privées de soins, condamnées à une mort certaine dans l’enfer de la guerre. L’ONG appelle à une sécurisation urgente de l’action humanitaire dans les deux camps pour au moins réduire les terribles souffrances des civils.

Deux ans d’horreur absolue, sans la moindre issue visible à un proche horizon… c’est le moment choisi par la France pour appeler à une levée de l’embargo sur les armes en laissant supposer qu’elle est disposée à passer à l’acte en faveur des rebelles si le reste de l’Europe traîne les pieds.

Décidément métamorphosé en va-t-en-guerre à la faveur de l’intervention au Mali, François Hollande incite ainsi précipitamment à la solution du pire. Une erreur historique qui consistera à jeter de l’huile sur le feu, sachant qu'elle aura pour effet immédiat de doper les livraisons russes et iraniennes à Bachar Al-Assad. De plus, quelles que soient les supposées garanties, les risques sont grands d’un approvisionnement des ramifications d’Al-Qaïda dont la prolifération gagne du terrain dans les zones de combats. Une solution absurde qui peut être lourde de conséquences.

Le clan Assad a opté pour la politique de la terre brûlée. Livrer des armes à une « coalition d’opposition » dont ne sait finalement pas grand-chose, revient à pousser à l’escalade qui va décimer le reste de populations civiles.  

Disons-le tout net : des centaines de milliers de morts après et alors que les capacités de nuisances du régime sont encore grandes, la négociation est une voie incontournable. Et plutôt que de se précipiter à armer une nébuleuse aux comportements futurs imprévisibles, l’Europe devrait favoriser l’émergence sur la scène politique des forces syriennes authentiquement démocratiques.

Livrer des armes sur un champ de cadavres est un projet irresponsable.