Samir Aïta et Michel Kilo sont venus à Montpellier à l'invitation du CCIPPP.

La crise du régime de Bachar al-Assad vue par deux Syriens, Samir Aïta et Michel Kilo

Alors que la situation politique et sociale Syrienne ne cesse de s'enliser dans la violence, le mieux est encore d'écouter des Syriens parler de l'actualité de leur pays... C'est l'initiative originale qu'a proposée le CCIPPP à Montpellier, le 23 janvier dernier, avec deux membres de l'opposition à Bachar al-Assad. Pour « mieux faire la part des choses », comme l'a très naturellement expliqué Jean-Paul Nuñez, délégué de la Cimade en Languedoc-Roussillon, en introduction de cette rencontre intimiste avec Michel Kilo et Samir Aïta.

« Personnage très connu en Syrie », Michel Kilo est « le doyen des opposants politiques syriens », comme l'a présenté Samir Aïta, qui est pour sa part un Syrien travaillant « en France », en tant que rédacteur en chef du Monde Diplomatique des éditions arabes.

Écrivain, Michel Kilo est également « le principal initiateur du Printemps de Damas, qui au début des années 2000 a lancé un très grand mouvement au niveau de la société civile de prise de conscience des droits des luttes, de l'esprit de lutte pour les libertés publiques », souligne Samir Aïta qui est aussi le président du Cercle des économistes arabes.

Tous deux portent un regard lucide et éclairé sur leur société syrienne en proie à de violentes convulsions aujourd'hui, avec, d'un côté, une tyrannie qui a imposé sa domination et son « humiliation » durant « 40 ans », et, de l'autre, des mouvements de contestation divers et variés, entre vent de revendication populaire directement insufflé du Printemps arabe, factions armées - qu'elles soient animées par des civils, des « soldats déserteurs » ou des « organisations islamistes » - et manipulations stratégiques intérieures et extérieures en tous genres...

Voir la première partie de la vidéo de cette rencontre, réalisée par le CCIPPP :

Pour ces deux Syriens, il est évident que le scénario idéal pour l'avenir de la Syrie repose dans un renversement du régime qui serait obtenu par un mouvement populaire et politique juste et responsable, et non par l'intervention de puissances extérieures ou par la victoire interne de courants islamistes...

Voir la deuxième partie de cette vidéo :

Quant à savoir quelle sera l'issue de cette « guerre civile » en Syrie, personne ne s'y risquera, pas plus Michel Kilo que Samir Aïta, seuls les historiens pouvant rendre compte en toute certitude de l'aboutissement des processus sociaux et politiques une fois qu'ils sont accomplis...

A Montpellier, Samir Aïta a néanmoins accepté de confier sa vision d'avenir à Médiaterranée, au regard des derniers événements alors marqués par le retrait des observateur de la Ligue arabe dans la ville de Homs : « On pouvait espérer que le processus initié par la Ligue Arabe qui consistait à envoyer des observateurs pour vérifier que les autorités syrienne retiraient les militaires des centres-villes et libéraient les prisonniers politiques, se serait poursuivi, ce qui aurait eu l'avantage de stopper les combats. Or, on a l'impression que ces missions d'observateurs ont été sabotées, à la fois du côté du pouvoir, ce qui reste dans sa logique, mais aussi de la part de certaines puissances du Golfe qui n'ont cessé de dénigrer ces missions et n'ont pas mené à bien la conduite d'un processus politique de négociation pour une force de transition, de changement et d'alternance au pouvoir, en Syrie. Cela montre que les pays du Golfe ne veulent pas vraiment une solution pacifique de la révolution, mais souhaitent faire plonger la Syrie dans la guerre civile. Si les choses continuent comme ça, on n'est pas prêt de voir la fin de la tuerie... »