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Derrière la répression sauvage, la grande peur du pouvoir Algérien

Répression à l'ordre du jour, toujours et encore! Répression aveugle, sauvage, lâche, mobilisant des milliers de policiers, postés là dès l'aube, casqués, bardés de boucliers, armés de matraques, mettant à contribution de jeunes nervis manipulés, gonflés à bloc, nourris de haine et grassement récompensés avec pour seule et unique consigne d'empêcher coûte que coûte le moindre rassemblement, le moindre mouvement ressemblant à une marche qui pourrait donner des idées et faire tache d'huile.

Voila trois semaines que le scénario se répète à l'identique et pour cette fois avec une violence accrue contre les manifestants, pourtant largement moins nombreux, une poignée, quelques centaines tout au plus.

Peu nombreux? C'était justement l'objectif du travail de division, plutôt bien mené au sein de cette Coordination Nationale pour la Démocratie et le Changement. Bien joué! Fallait juste y penser: isoler le seul parti d'opposition qui ose encore l'ouvrir, le RCD, dont les députés prennent leur rôle au sérieux dans l'hémicycle, interpellent, critiquent, dénoncent, et pour certains d'entre eux avec véhémence; les seuls à ne pas rentrer dans les rangs comme tous les autres. Plus de 200 fois le SMIG et au garde à vous, mais de quoi se plaignent-t-ils? Sans compter leur premier dirigeant qui ne mâche pas ses mots et dont la voix porte au-delà des frontières, avec des accents trop politiques; le venin subversif à combattre en express et avec fermeté, à l'heure surtout où les émeutes s'enchaînent d'un bout à l'autre du pays.

http://www.youtube.com/watch?v=DFYvsTYc1RY

Éviter coûte que coûte tout risque de jonction entre le discours politique d'opposition d'où qu'il vienne et la vague de contestation sociale qui secoue le pays, tel est aujourd'hui la seule préoccupation du pouvoir Algérien. Force est de reconnaître que pour l'instant, la stratégie est payante. Bouteflika a visé juste en annonçant la levée de l'état d'urgence, effet d'annonce garanti pour donner l'illusion d'une plus grande tolérance, d'un souffle de démocratie auprès d'une population épuisée par une décennie de tuerie et des années de terrorisme islamiste.

Reste un monde arabe en ébullition, où les peuples crient leur révolte, explosent de colère, brisent les tabous, se rassemblent par-delà leurs différences, portent haut les valeurs de la démocratie, de la tolérance et de la justice sociale, défient des dirigeants et prennent d'assaut des citadelles réputées jusque-là inaccessibles. Derrière la répression sauvage, dont il a encore fait preuve aujourd'hui, telle est la grande peur du pouvoir Algérien.