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Algérie : le Front Islamiste du Salut (FIS) sur le chemin du retour

Lemonde.fr publie lundi 23 mai un article de son envoyée spécial en Algérie Isabelle Mandraud qui rapporte les confidences d’un membre du Front Islamique du Salut (FIS) sur ce qui constituerait la dernière étape de la politique de « réconciliation » engagée par le président Bouteflika. Selon lui, les islamistes prépareraient tranquillement leur retour sur la scène politique, avec la bénédiction du pouvoir.

Hachémi Sahnouni que la journaliste a rencontré dans sa résidence sur les hauteurs d’Alger n’a pas été avare de confidences. A l’évidence, les consignes ont été données pour rendre publics les arrangements avec le pouvoir et de faire ainsi pression.

Le dirigeant islamiste annonce la libération prochaine de 7000 prisonniers. « Nous avons reçu une réponse positive à un très, très haut niveau.  La réconciliation nationale évolue vers une amnistie générale, pour tourner la page de la tragédie », assure-t-il.

La libération de ces milliers de prisonniers aura lieu le 5 juillet, fête de l’indépendance, « ou bien ce sera le 19 juin (date du cessez-le-feu), mais à 90 % plutôt autour du 4 ou du 5 juillet », confie Mr Sahnaouni. En contrepartie, les prisonniers s'engageraient, par écrit, à ne plus combattre. Rappelons que nombre de ceux qui les ont précédé, qualifiés de « repentis », n’avaient pas hésité à rejoindre le maquis après leur libération.

Les négociations auraient commencé il y a trois ans entre l'Etat algérien et un groupe qui se présentait comme les « délégués de ceux qui ont accepté de déposer les armes », affirme l’islamiste.  Et de citer une brochette de responsables de l’ex-FIS (dissous en 1992), du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), dont est issu, après une scission, Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).

"Si rien ne se passe, les islamistes vont reprendre les armes"

A en croire Mr Sahnouni, les négociations auraient débouché sur un accord ferme prévoyant, entre autre, la libération des prisonniers et le rétablissement de leurs droits civiques. « Nous lançons un appel avant qu'il ne soit trop tard : ou bien on arrête la tragédie, ou bien cela va continuer », menace-t-il. « Ou le chemin de la réconciliation, ou celui du sang, déclare le second. Si rien ne se passe, des islamistes vont reprendre les armes, et ce sera une guerre civile totale, que nous voulons éviter », renchérit son compère cheikh Zeraoui Hamadache.

La fameuse charte de réconciliation nationale de 2005 interdit formellement la reconstitution du Front Islamique du Salut. Mais nul n’est dupe, l’objectif des islamistes est bel et bien de revenir par des voies détournée sur la scène politique, de se constituer en force incontournable aux yeux du pouvoir plus que jamais soucieux de faire contrepoids aux démocrates qui ont brisé le mur de la peur, ouvert la brèche de la contestation et n’hésitent plus à hausser le ton, à la faveur des évènements qui secouent les autres pays arabes.

Les tractations entre les islamistes et une fraction du pouvoir sont dévoilées dans le contexte de consultation autour des réformes politiques annoncées par Bouteflika. Les « barbus » se saisissent de l’occasion se placer sur le chemin du retour…plus de 200 000 morts après.