dans le secteur, l’argent coule à flot, les rendements sont de plus en plus élevés, les profits  faramineux... (DR)

Ces sociétés minières broyeuses de vie humaines

Les mineurs meurent toujours aux quatre coins du monde, par centaines, agonisent dans des conditions à peine imaginables à des kms de profondeur, piégés par leur gagne-pain… les « gueules noires » n’ont pas changé de siècle, plus que jamais sacrifiées sur l’autel des profits et de la spéculation financière.

Dans le secteur, l’argent coule à flot, les rendements sont de plus en plus élevés, les profits  faramineux, les conditions fiscales paradisiaques, les protections juridiques plutôt blindées… L’industrie minière est ainsi avant tout un champ de bataille spéculative. En première ligne, il y a les compagnies qui explorent (juniors), repèrent, découvrent, estiment les réserves de charbon de cuivre, de coltan, de cobalt, de fer, d’or, d’uranium, de diamants… et qui entrent ensuite sur les marchés pour proposer leurs concessions au plus offrant.

Elles cèdent alors leurs droits ou se font tout simplement acheter par des sociétés d’exploitation (majors), celles qui vont investir pour extraire les réserves disponibles et investir encore pour explorer à nouveau les ressources estimées. Celles-ci se mettent à l’œuvre en tirant abondement profit aux moindres coûts de main-d’œuvre, de protection de droits sociaux, de préservation de l’environnement et de sécurité du travail.

Les sièges de plus de 75% de ces sociétés mondiales d’exploration ou d’exploitation minière sont domiciliés au Canada. Et pour cause, elles y trouvent les conditions idéales pour se livrer à une spéculation sans retenue. Outre les avantages fiscaux qui attirent l’investissement de fonds de retraites, de banques, de compagnie d’assurance, les autorités canadiennes font ouvertement du lobbying pour préparer le terrain aux sociétés minières, incitent les Etats et les autorités locales à piétiner les droits des populations, à faire évacuer des territoires.

L’industrie minière est au boute du compte « hors de portée, hors de tout contrôle ». Des sociétés comme Brick Gold, Banjo, Kinross, American Mineral Fields (AMFI), Imaged… ont les coudées franches, usant sans surprise de pratiques mafieuses pour parvenir à leurs fins sans trop être inquiétées.

Derrière cette face cachée de l’industrie minière, il y a les drames à répétition dans un secteur par ailleurs infesté d’exploitations clandestines aux risques incalculables. La Chine figure en tête dans cette hécatombe. Quatorze des 21 accidents qui se sont produits depuis 1990, provoquant plus de cent morts, ont eu lieu dans ce pays. Durant ces 14 années, des centaines de mineurs ont également disparus sous terre au Congo, au Pakistan, en Ukraine, en Nouvelle-Zélande, en Sierra Leonne, en Tanzanie, au Soudan, aux Philippines, au Mexique, en Colombie, en Bosnie, aux Etats-Unis… La dernière catastrophe en date a fait près de 300 morts en Turquie. Trimer au fond d’une mine, et où que ce soit, n’a finalement jamais cessé d’être un jeu de cache-cache avec la mort en contrepartie d’un salaire de misère.