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Le bourbier Afghan, un terrible gâchis

L’expédition guerrière occidentale en Afghanistan amorce un tournant. Barack Obama a annoncé mercredi 22 juin le rapatriement de quelque 10.000 boys de l’armée US d'ici à la fin de l'année, suivis de 23 000 autres l'été prochain. Dans la foulée, Nicolas Sarkozy s’est empressé de sonner à son tour le désengagement progressif des 4000 soldats français présents sur le terrain en coordination avec le «calendrier américain», a précisé un communiqué de l’Elysée rendu public mardi 23 juin.

L’élimination d'Oussama Ben Laden et les revers infligés à Al-Qaida au Pakistan constituent les justifications officielles de ces désengagements. Mais ces décisions ne sont évidement pas sans lien avec l’entrée en campagne des deux chefs d’Etat qui briguent chacun un deuxième mandat.

Barack Obama est tenu de prendre en compte les courants d’opinion de plus en plus hostiles à la présence des boys sur des terrains de guerre. Un sondage publié mardi révèle que 56 % des Américains sont en faveur d'un retrait d'Afghanistan "aussitôt que possible".

Nicolas Sarkozy est également contraint de freiner ses ardeurs de va-t-en-guerre au moment où l’opposition parlementaire s’apprête à livrer bataille sur le thème de la légitimité et du coût de l’intervention en Libye, après avoir demandé un retrait des troupes françaises d’Afghanistan.

Au-delà de ces calculs électoraux, reste le triste constat de l’échec lamentable de ces expéditions guerrières.

L’histoire retiendra les nombreuses bavures de l’OTAN qui auront décimé des centaines de civils Afghans.

Les troupes occidentales ont tout juste été capables de composer avec les chefs de guerre et de consolider un pouvoir rongé par la corruption. Les populations pauvres, les paysans sans terre notamment, n’ont rien vu venir de l’aide qu’on était supposé leur apporter.

La quasi-totalité des sommes versées par la Communauté internationale depuis 2002 (près 89 milliards de dollars) a surtout profité aux entreprises étrangères qui opèrent sur place et aux multiples canaux de la corruption. La reconstruction de l’Afghanistan ravagé par trente années de guerre est toujours à l’état de chantier.

Tout compte fait, l’expédition guerrière de ces dix dernières années n’a fait que creuser davantage un bourbier où les talibans qui sèment la terreur hors de la capitale, Kaboul, sont désormais appelés à la table des négociations. Un terrible gâchis.