Vendez obligations françaises achetez les obligations grecques

"Le Grand malade de l'Europe n'est plus la Grèce, c'est la France", selon David Einhorm

Alors que le « French bashing » (le dénigrement français) est plus intense que jamais avec les récentes déclarations de plusieurs économistes, une star de Wall Street  vient de recommander de spéculer à la baisse sur les obligations françaises. 
David Einhorm, PDG du fonds Greenlight Capital, un des rares à avoir anticipé sur la faillite de Lehman Brothers en 2007, a dressé un tableau plutôt morose de l’économie française lors de la conférence annuelle « Robin Hood Investor » qui rassemble les investisseurs les plus influents sur les marchés. 

Le PDG du fond Greenlight capital a voulu démontrer, sur la base de données économiques, que les marchés obligataires se trompaient en mettant sur le même plan l’Allemagne et la France alors que la situation de cette dernière ressemblerait davantage à la Grèce.  Il considère même que l’économie grecque est en meilleure posture. 

La France  « trop fière pour se réformer »

«La Grèce a bu la potion amère, elle a restructuré ses obligations et son économie. Elle a cessé de vivre au-dessus de ses moyens. La France, elle, semble trop fière pour se réformer», a-t-il affirmé.

L’énorme différence de traitement entre la Grèce et la France est erronée, selon David Einhorm. Le risque pour la France est de voir sa dette exploser si le marché renégocie le risque souverain français à sa juste valeur.

Le gouvernement français emprunte actuellement à 10 ans à un taux de 1,3 % contre 9 % pour le gouvernement grec. Un taux avantageux totalement injustifié. Une stratégie basée sur l’achat d’obligation de banques grecques (Alpha, Piraeus, NBG,Eurobank, etc.) serait bien plus judicieuse selon lui.

La semaine dernière le marché grec a connu une journée noire avec une chute de 7,3%, avant de vivre un rallye le vendredi, avec une explosion des valeurs bancaires justement le même jour.

La Grèce continue à avoir mauvaise réputation sur les marchés pour des raisons politiques. L’émergence de Syriza, le parti radical anti-austérité, ainsi que les propos du premier ministre, Antonis Samaras, qui désire mettre fin au renflouement de l’économie, ont suscité l’inquiétude des investisseurs qui se sont massivement retirés.

La France a elle aussi connu des séances très mouvementées sur ses marchés la semaine dernière. Le pouvoir d’achat est y en berne, le chômage n’a jamais été aussi haut. La dette de plus en plus lourde et la croissance nulle.

L’analyse, chiffres à l’appui, du PDG du fonds activiste Greenlight n’est pas sans rappeler les propos de John Lewis, le directeur d’une chaîne britannique de grands magasins, qui affirmait que la France est le pays où «rien ne marche». 

Les critiques formulées à l'encontre de la France par David Einhorn ne datent pas d’aujourd’hui. Mais le fait que les doutes émergent d'un gourou de la finance ayant une certaine influence sur les marchés fait peser une nouvelle inquiétude sur l'économie française.