Algérie. La tentation totalitaire

Les militants les plus actifs du Hirak tombent un à un sous le coup d’accusations extravagantes, dont la mise en péril de l’unité nationale, l’outrage à corps constitué et l’atteinte à la personne du président de la République...

Dans la réalité, il s’agit tout simplement d’expression à caractère politique dans la rue ou sur les réseaux sociaux, de paroles et d’écrits assumés pour dénoncer les atteintes aux libertés, les abus de pouvoir et les passe-droits, la manipulation de la Justice, le monopôle du pouvoir et la substitution d’une nouvelle caste dirigeante au clan Bouteflika.

Le pourrissement de ce dernier par, entre autres, la corruption a conduit le pays dans une impasse, provoquant un soulèvement populaire historique porteur des plus beaux espoirs de transformation radicale, porte grande ouverte à l’Algérie nouvelle.

La réponse aux aspirations démocratiques des Algériens constitue le pendant légitime des procès autour de l’incroyable corruption du clan Bouteflika.

Pourquoi le président Abdelmadjid Tebboune, élu avec la bénédiction d’un courant fort de l’armée, ne se saisit-il pas de cette opportunité sans précédent pour réécrire l’avenir du pays ?

Pourquoi n’ouvre-t-il pas pleinement le champ de la Démocratie en s’appuyant sur une jeunesse débordante d’énergie et de créativité, sur les forces vives du pays de grande valeur, intellectuels, universitaires, artistes, militants associatifs et syndicaux.  Pour ne citer qu’eux, les personnels du corps médical ont fait preuve d’un dévouement et d’une compétence exemplaires aux plus durs moments de la pandémie Covid-19.

Pourquoi le pouvoir actuel fait-il exactement l’inverse de ce qui est attendu par des millions d’Algériens à travers tout le pays, pourquoi ces arrestations en continu, ces procès expéditifs, ces incarcérations en cascade, cette opération de division et de casse du Hirak, ces intimidations à l’égard d’une formation politique, le RCD, et ce recyclage de la clientèle du président déchu et de ses vassaux ?

Qui, de l’armée, des services à la puissance renouvelée ou d’une nouvelle oligarchie suscite et encourage cette régression.?  Qui tire ces ficèles, à qui cela profite-t-il ?

Une chose est sûre : le déchaînement judiciaire rappelle les plus sombres épisodes du parti et de la pensée unique sous la cloche de la redoutable SM (sécurité militaire) infiltrée dans les coins et recoins de la société.

Après plus de 20 années sous un régime exécrable, à nouveau, la tentation totalitaire.

Monsieur le président, sortez de cette voie périlleuse !