Dix des vingt ministres de l'ancien gouvernement ont été remplacés parmi lesquels celui des affaires européennes, Egemen Bagis... (Xinhua)

Turquie : Erdogan manœuvre pour sauver le régime islamiste gravement corrompu

Le modèle turc, savante combinaison de l’Islamisme et de l’économie libérale, et qui suscite l’admiration dans le monde arabo-musulman, serait-il à bout de souffle? Le vaste scandale de corruption qui éclabousse le premier ministre en personne, Recep Tayyip Erdogan, déstabilise le gouvernement et relance la contestation populaire à quelques mois des élections municipales et de la présidentielle.

Mis en difficulté devant les révélations sur la place publique et la démission de trois ministres - Intérieur, Economie et Environnement dont les fils ont été mis en cause dans une affaire de corruption- Erdogan tente de détourner le problème en procédant à un remaniement ministériel. Les premiers manifestants dans plusieurs villes, dont Istanbul et Ankara, n’en demandent pas moins sa démission.

Les fils des ministres en question ont été inculpés de corruption, fraude et blanchiment d'argent liés à des ventes illégales d'or à l'Iran, sous embargo. Une vingtaine d'autres personnes ont été écrouées dans le cadre de cette enquête judiciaire qui éclabousse le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan.

Dix des vingt ministres de l'ancien gouvernement ont été remplacés parmi lesquels celui des affaires européennes, Egemen Bagis.

A Istanbul, près de 5.000 protestataires ont été violemment dispersés par la police après des incidents dans le quartier de Kadikoy, sur la rive asiatique d'Istanbul, rapporte l’AFP.

"La corruption est partout!", "La résistance est partout!", ont scandé les manifestants, pour la plupart des jeunes, selon la même source.

Les observateurs expliquent l’explosion de ces affaires par la guerre entre le clan du Premier ministre et son ex-allié, le prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis, à la tête d'une toute-puissante confrérie religieuse. Cette dernière aurait largement infiltré la police et la magistrature.

Le  modèle islamiste turc se prépare vraisemblablement à imploser sous la pression de luttes de pouvoir et pour la protection d’intérêts. L’absence d’une opposition forte et crédible pourrait néanmoins retarder son effondrement