Dans les dix ans qui viennent, le tourisme va adresser une demande forte au transport aérien. (DR)

"Tourisme et transport aérien" : quels enjeux et perspectives ?

A l’initiative de l’IFURTA (Institut de Formation universitaire et de recherche du Transport aérien) et en collaboration avec l’agence pour le développement touristique de la France, Atout France, le colloque « tourisme et transport aérien » s’est déroulé mercredi 23 et jeudi 24 mai, à l’université Paul Cézanne à Aix-en-Provence. Les professionnels du tourisme étaient réunis pour discuter des conséquences de la crise, des enjeux pour le transport aérien et de la question des territoires en lien avec l’offre touristique.

L’importance du marketing touristique...

« Le tourisme est une affaire de chiffre mais également une affaire d’hommes », a souligné Didier Masurier, sociologue et maître de conférence à l’Université de Clermont Ferrand. Bien entendu, avec un milliard de touristes internationaux en 2011 et une prévision de 1,5 milliard d’ici une dizaine d’années, le secteur touristique compte de beaux jours devant lui. Mais le voyage n’est plus seulement un acte de consommation. L’échange est au cœur du tourisme et la crise espagnole signerait la fin d’un tourisme de masse. « Nous sommes rentrés dans un siècle qualitatif », a assuré Michel Goetschmann, professeur et consultant en stratégie touristique, qui a appelé les tours opérateurs à revenir à des bases différentes. « Faîtes attention à ne pas casser les prix ! La rentabilité est plus importante qu’un taux d’occupation », faisant référence au développement d’une compétition vive.

Face à cette concurrence âpre et globale, la France se maintient dans le haut du classement. Elle conserve sa première place en tant que destination mondiale. Ce qui étonne, c’est sa médaille de bronze en terme de recettes, se plaçant derrière les Etats-Unis et l’Espagne et rudement talonnée par la Chine. Christian Delom est directeur du pôle Stratégie, Observation et Nouvelles Technologies chez Atout France. Il atteste que la destination France est en perte de vitesse et doit s’adapter pour rester leader en Europe. Trois objectifs sont ainsi donnés à la marque « rendez-vous en France », signature unique pour la destination : développer les cibles à fort potentiel, notamment les jeunes qui seront les touristes de demain, fidéliser les cibles touristiques et restaurer le « leadership » de la France, en étant dans la « tendance ».

En terme de territoire, la stratégie d’attractivité a été illustrée par l’exemple de la ville de Montpellier. « Il faut qu’on grossisse sans quoi on disparaît », a témoigné Stéphane Lopez, Directeur adjoint de l’Espace public à la mairie de Montpellier. « Le problème du tourisme, c’est qu’on ne lui accorde pas la place qu’elle devrait représenter ». La ville entend jouer sur ce seul atout, puisque le bassin industriel est faible. Elle mise sur deux pôles : le soutien à l’agriculture, notamment viticole, et la mise en lumière de l’artisanat d’art en créant des circuits spécifiques.

A terme, Montpellier espère former une métropole d'un million d'habitants depuis le port de Sète jusqu'à Lunel : « Tout est prêt pour que la marque Montpellier puisse s’épanouir et grandir ».

L’offre aérienne et les tours opérateurs

Dans les dix ans qui viennent, le tourisme est le premier élément qui va adresser une demande forte au transport aérien, car, malgré la crise, « le contexte global du marché est plutôt favorable à long terme », a souligné Jean-Marc Roze, Secrétaire Général du SNAV (syndicat national des agences de voyages). « Chaque crise est souvent suivie d’un rebond, parfois plus fort qu’auparavant. »

De nouveaux enjeux apparaissent, liés aux facteurs technologiques, sociologiques et économiques. Le phénomène de dématérialisation des e-billets ou l’essor d’outils d’information intégrés, comme le « Self Booking Tool » pour les voyages d’affaires, conduisent à de nouveaux défis. La nécessité de s’adapter en permanence est l’une des notions clefs de ce colloque. S’adapter à l’instantanéité. S’adapter aux besoins de proximité des clients et à la pression économique forte, en créant notamment des « niches » et des marchés de plus en plus pointus. Tout en notant avec Laurent Magnin, PDG de XL Airways, que « le public n’attend pas et peut ne pas être au rendez-vous ». D’où un risque énorme du à la compétition qui engendre aussi l’expansion du marché.