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Lettre ouverte : "Du haut de votre grandeur médiatique…"

Ulcérée par le caractère hautain et paternaliste de la «Lettre à un jeune compatriote musulman» de la chroniqueuse du Figaro, Myriam, étudiante en sciences politiques, s’est fendue d’une réponse à la hauteur de son exaspération. Mediaterranee publie le texte paru dans L’Humanité.fr.

Réponse d'une jeune révoltée Française à Natacha Polony.

Vos propos "Non, je n'ai aucun "problème" avec l'Islam" sont lourds de sens. On s’attendrait presque à un complément façon Nadine Morano « Non, je n'ai aucun problème avec l'Islam, j'ai moi-même une amie musulmane et je porte de temps à autre des babouches ». 

Il est vrai que notre société présente bien les symptômes d'une maladie. Cependant, quel nom lui donner ? Je suis sûre d'une chose : le remède est certes sociologique, mais surtout d'ordre moral. 

Du haut de votre grandeur médiatique, vous vous permettez de juger les musulmans sur leur silence. Mais à quel titre parlez-vous ? Sachez que, depuis ma petitesse, je me permets de vous répondre.

Chère compatriote. Qu'en est-il de votre indignation face à la barbarie que connaissent les Rohingyas en Birmanie ? Ah oui, j'oubliais qu’à vos yeux « tous les morts se valent ». Et qu’en substance vous n'avez rien de la posture du « prophète » que les musulmans attendaient pour se positionner face à ces crimes. 

Chère compatriote. Comptez-vous demander des comptes aux juifs de France quant aux dérives de la Ligue de Défense Juive (LDJ), groupuscule interdit en Israël et aux Etats-Unis, car considéré comme « violent et raciste »? 

Dans votre lettre, vous évoquez ces jeunes « djihadistes partis en Syrie ». Je suis d'accord avec vous, mais permettez-moi d'y ajouter « ces jeunes qui au nom de leur double nationalité vont servir une armée d'occupation qui tuent ces mêmes enfants que vous pleurez ». 

Sachez que tous les français de confession musulmane n'ont pas de souci avec la Laïcité, comme vous le sous-entendez. Quelques cas isolés, ici ou là, ne représente en rien « l'intégralité des musulmans ». 

Une « chose » semble retenir votre attention. Et pas des moindres. Un sujet phare qui occupe l’espace politique et médiatique depuis de nombreuses années. Cette « chose » qui vous fait tant peur – sans quoi vous n'auriez pas pris le temps d'écrire cette tribune – c’est la religion « musulmane ». 

Pourquoi vous fait-elle donc si peur ? 

Vous parlez de ceux qui au nom de l'Islam mettent en danger « l’équilibre des droits et des devoirs ». Est-ce ce même équilibre qui permet impunément de montrer du doigt la communauté musulmane lorsque des crimes abjects sont commis au nom de l'Islam dans d'autres pays ? 

Sachez, chère compatriote, que les « Français qui sont de confession musulmane » ne sont en rien gardiens, ni comptables de la morale musulmane universelle. 

Et pourquoi diable citez-vous Tariq Ramadan pour parler d’Islam. Même si certains peuvent lui reconnaître un talent d’orateur ou d’érudit, il n'est en rien le représentant des musulmans de France. 

Et plus généralement, pourquoi faites-vous un véritable blocage sur l'Islam ? Derrière votre « lettre » se cache une question patente : les musulmans de France sont-ils des citoyens à part entière? 

D’ailleurs, pourquoi ne pas l’avoir écrite à Monsieur le Premier Ministre, au nom de cette même Laïcité ? Celui qui a cherché à diviser les citoyens français en communautés : « S'en prendre à un juif, c'est s'en prendre à la République ». 

Sachez, chère compatriote, que notre belle République - même si cette dernière est loin d'être parfaite - n'est ni « judaïque », ni « chrétienne », ni même « musulmane ». Et tenir de tels propos, c'est estimer qu'il existe des citoyens de première et seconde « zone ». 

Quelque chose s'est effectivement détraquée dans notre société. Nous sommes malades d'un manque d'idéal.

Manque d’idéal dont vous n'êtes pas le remède. 

Source: L'humanite.fr