Au CCLM de Mireval : "Boutik" une pièce pour faire réfléchir

Les trois coups de la saison culturelle 2017-2018 ont été frappés pour la seconde fois au Centre Léo Malet de Mireval ce vendredi 27 octobre, à 19h, une heure "anglaise", qui, bien que rare,  a tout pour plaire car elle permet de disposer par la suite d’une autre fin de soirée.

La reine Elodie

Tout commence dans ce vaste hall où l’on respire, agrémenté qu’il est par le vol de toute une collection de merveilleux oiseaux en papier, fruits d’une récente exposition.

Et puis il y a surtout cet accueil dispensé par Elodie, l’hôtesse-reine des lieux, qui va chaleureusement à la rencontre de son public, ouvre les portes, place son monde en demi cercle autour de la scène et sert le muscat qui fait le lien entre tous ; et ceci…avant de présenter la soirée avec toute la passion qu’elle nourrit pour l’art du spectacle, qu’elle connaît si bien. D’où l’aveu d’Elodie, en fin de spectacle, de ne pas avoir prévu assez de chaises pour cette centaine de personnes finalement venues assister à cette soirée. Une évidence alors : quand on se sent bien dans un lieu culturel comme le CCLM, géré comme il est, les fidèles affluent.

"Boutik", une fable tragique moderne

Et la pièce de commencer. Enfin, pas encore exactement la pièce, mais sa « lecture active », par le jeune comédien Grégoire de Martino que le public qualifiera par la suite « d’imprégné » par son personnage.

Alineo, le personnage seul en scène, est enfermé dans sa « bulle internet », drogué qu’il est de connexion, problème déjà posé. Mais deux autres personnages invisibles sont aussi bien présents : « Maman », la mère biologique d’Alineo et Madame la Juge, ce qui téléphone un peu le coup final d’une condamnation pour un acte délictueux. Et le héros va alors développer l’histoire de cet acte, de sa personne, de l’informatique, « qui réfléchit à ta place », peut-être un premier élément de défense pour lui. Pour faire court, disons que l’adolescent, lycéen, en manque d’amour  et de reconnaissance d’une mère castratrice, va lancer son « opération Carina », vers une jeune fille dont il s’éprend à travers ses activités à la médiathèque. Mais pour ce faire, il va procéder virtuellement, par le biais de cet avatar idéalisé, Alineo, pour approcher Carina et la rencontrer un jour, pour que sa vraie personne lui avoue son amour et reçoive au moins en retour au moins un regard. Mais non, « elle m’a effacé », dit Alineo. D’où la terrible vengeance du prédateur, toujours par le net, qui fait passer Carina pour ce qu’elle n’est pas, elle qui va vivre un véritable enfer, au point de tenter de se suicider ! Très moderne tout ça. Très actuel même, car on lit de tels cas tous les jours dans les journaux. « Boutik » se termine toutefois par une morale : « il ne faut pas rendre justice soi-même », concède Alineo, condamné dans ses travaux d’intérêt général à porter la bonne parole auprès des jeunes à l’école, Fin positive qui laisse d’ailleurs présager par la suite, outre des représentations à Montpellier, un usage lui aussi positif auprès des scolaires, pour prévenir des dangers d’internet.

De très intéressants échanges entre Valeria, Sarah (à droite) et le public

 

ainsi qu'avec Valeria et Grégoire.

Des prolongements, pour réfléchir

Un dernier point positif à souligner avec cet échange qui s’est tout de suite établi après la pièce entre le public et la directrice artistique Valeria Emanuele et l’auteure, Sarah Fourage. Et Valeria d’avouer qu’elle a voulu « déranger le public, qui doit s’interroger….sans pour autant porter de jugements » sur ces problèmes que sont ceux de la communication, de la solitude, de l’inconscience de certains jeunes, parfois victimes mais aussi bourreaux, en jouant avec les limites entre le bien et le mal.

Pièce d’importance donc dans le cadre d’un vrai théâtre qui apporte quelque chose de positif à la réflexion de tous et c’est enfin le grand mérite de la programmatrice….qui s’appelle Elodie Saos, non ?!

Un public manifestement en phase avec ce spectacle.