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Le débat sur la laïcité : un vaste défouloir

Tant il est toujours vrai qu’un train peut en cacher un autre, le débat bat son plein autour du fameux débat sur… la laïcité, prévu le 5 avril prochain par l’UMP, parti de la majorité présidentielle en France.

L’initiative est-elle pertinente et à quoi peut-elle conduire ? Cette double question avait commencé à faire « jaser » en interne jusqu’à susciter des remous dans la famille politique aux commandes de l’Etat sous le coup d’une bérézina aux élections cantonales. Voila qu’elle rebondit dans l’opinion à la faveur d’une tribune publiée le 29 mars dans le quotidien La Croix par les responsables de cultes.

«N’ajoutons pas de confusion dans la période trouble que nous traversons», recommandent ces derniers, non sans évoquer le lien entre la laïcité et le partage «des valeurs fondamentales de la dignité et du respect de la personne humaine et de sa liberté».

Pour sa part, le patron de l’UMP a affûté des arguments construits autour de l’importance de la formation des imams, des lieux de culte et de la nécessité d’un code de la laïcité et de la liberté religieuse.

Nul ne conteste le bien-fondé de réflexions permanentes sur le devenir du principe de laïcité partie intégrante des fondements de la République. Mais qui peut sérieusement croire qu’un parti politique, fut-il majoritaire, peut, à lui seul, faire avancer le débat ?

Dès lors, les voix citoyennes qui ne s’embarrassent pas des précautions de langage des religieux pointent les objectifs à peine cachés de cet emballement soudain pour la laïcité dans le sillage de Marine Le Pen élucubrant sur, entre autre, ces musulmans qui prient dans la rue.

Pour qui admet de faire honnêtement ce constat, l’UMP organise en réalité un débat sur la place de l’Islam en France et sur l’immigration. On s’imagine donc bien sur quelles pistes aux relents xénophobes vont cheminer les idées échangées entre les militants de l’UMP.

Islam, immigration, des thèmes qui figurent dans la liste de boucs émissaires dressée par Nicolas Sarkozy pour nourrir un discours concurrent à celui de l’extrême droite, avec cette idée simple à servir au bon peuple selon laquelle la France va mal à cause des immigrés, des jeunes voyous de banlieue et autres délinquants, des chômeurs assistés, des fonctionnaires privilégiés, voire des magistrats qui font mal leur travail.

Disons-le tout net : l’initiative dont on nous rebat les oreilles depuis quelques semaines participe tout simplement de la stratégie électorale de Nicolas Sarkozy pour aspirer les voix du Front National, tout comme en 2007. Une évidence sans doute, sauf que les conditions ont légèrement changé depuis. La fille Le Pen qui s’emploie désormais à dépoussiérer le FN n’est plus loin de parvenir à « fixer » son électorat. La pompe aspirante risque fort de tourner au ralenti sinon à vide, malgré tous les "coups" médiatiques concoctés par l'aile "dure" de la droite déterminée à rallier des électeurs sur son extrême.

Sachant par ailleurs que la convention sur la laïcité ne fait pas l’unanimité dans la majorité, la grand-messe pompeusement annoncées par l’UMP peut au mieux se transformer en vaste défouloir pour militants dans le brouillard après le coup de semonce des cantonales.