ajouter la guerre à la guerre une erreur lourde de conséquences... (DR)

Syrie : la Grande-Bretagne hors expédition, l’Amérique et la France font monter la pression

La pression est quelque peu retombée dans la communauté internationale à propos de l’intervention militaire en Syrie, suite au recours présumé par le régime de Bachar al Assad à des armes chimiques contre des populations civiles dan les faubourgs de Damas. Les parlementaires anglais s’y opposent, Obama laisse planer le doute, François Hollande attend son signal.

En Grande-Bretagne, la Chambre des Communes à rejeté jeudi par 285 voix contre 272, le « principe » d'une action armée en Syrie, vote dont le Premier ministre David Cameron a pris acte.

« Je pense que l'opinion publique américaine, le peuple américain et le président Obama comprendront », a déclaré le Premier ministre britannique après le rejet de la motion gouvernementale.

« Je ne lui pas parlé depuis les débats (à Westminster) mais je pense que je le ferai dans un jour ou deux. Je ne pense pas qu'il soit ici question de formuler des excuses », a-t-il ajouté au sujet d’Obama dans une interview accordée à des chaînes de télévision britanniques.

Russes et Chinois ont aussitôt salué cette prise de position. « Les gens commencent à comprendre en quoi de tels scénarios sont dangereux, notamment quand un recours à la force n'a pas reçu de feu vert », a dit à la presse Iouri Ouchakov, conseiller en politique étrangère de Vladimir Poutine.

En sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, la Russie a opposé son veto à trois projets de résolutions censées condamner le régime Assad.

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a insisté pour sa part sur la nécessité d’établir clairement les faits sur l'attaque chimique présumée et de déterminer qui en est le responsable avant de décider toute action.

La position des parlementaires britanniques n’a pas dissuadé Barack Obama qui affiche à présent clairement sa volonté d’intervenir sans le feu vert de l’ONU. La Maison Blanche prétend détenir des preuves réunies par la CIA et se propose de les dévoiler au grand public.

Selon un sondage réalisée les 28 et 29 août pour NBC News auprès d'un échantillon de 700 adultes et publié vendredi, seules 42% des personnes interrogées sont favorables à une action militaire américaine contre le régime syrien parce qu'il a utilisé des armes chimiques, et 50% s'y opposent.

Une très large majorité (79%) dit cependant souhaiter que Barack Obama obtienne l'autorisation du Congrès avant toute intervention militaire, comme le requiert la loi américaine. Mais les présidents américains ont toujours estimé qu'ils disposaient du pouvoir constitutionnel de déclencher des opérations militaires sans aval parlementaire.

La France reste quant à elle déterminée à « punir » le régime syrien, car "un faisceau d'indices" accréditerait la responsabilité de Bachar al-Assad, estime François Hollande.

Dans une interview publiée vendredi dans Le Monde, le président français souligne que « le massacre chimique de Damas ne peut ni ne doit rester impuni » et qu'il s'entretiendra à ce sujet dans l'après-midi avec son homologue américain Barack Obama, qui n'écarte plus désormais une action unilatérale après la défection de Londres.

« Toutes les options sont sur la table. La France veut une action proportionnée et ferme », a déclare le président français.

A la question « Peut-on agir sans nos alliés traditionnels anglais ? », il répond clairement « Oui » : « Chaque pays est souverain pour participer ou non à une opération. Cela vaut pour le Royaume-Uni comme pour la France ».

« Or il est avéré que l'opposition ne détient aucune de ces armes, alors que tous les stocks sont contrôlés par Bachar al-Assad », fait-il valoir : « Ensuite, le quartier frappé ne l'a pas été par hasard, ni par inadvertance : c'est une zone clé pour le contrôle par le régime des voies de communication vers Damas ».

Selon le président, « tout a été fait dans les heures qui ont suivi ces exactions pour en effacer les traces par des bombardements dont on est sûr de l'origine ».

En cas de paralysie probable du Conseil de sécurité de l'ONU, François Hollande souhaite qu'une coalition « la plus large possible » se forme pour agir contre le régime de Damas.

« Elle s'appuiera sur la Ligue arabe qui a condamné le crime et a alerté la communauté internationale. Elle aura le soutien des Européens », affirme-t-il, soulignant que la France fait partie des quelques pays « qui ont les capacités d'infliger une sanction par des moyens appropriés. Elle y est prête ».

Au plan militaire, les Etats-Unis sont sans surprise en première ligne. Ils disposent désormais de cinq destroyers équipés de missiles de croisière capables de mener des attaques ciblées contre des dépôts de munitions ou des infrastructures stratégiques du régime de Bachar al-Assad.

« Le USS Stout était en route pour rejoindre dans cette zone le Mahan, le Ramage, le Barry et le Gravely », a indiqué jeudi un responsable américain de la Défense.

Chacun des navires de l'US Navy emporterait une quarantaine de missiles Tomahawk selon les experts. L'armée américaine peut également compter sur deux bases aériennes en Turquie, à Izmir et Incirlik.

Plusieurs navires du 26e corps expéditionnaire des Marines mouillent par ailleurs actuellement dans un port des Émirats Arabes Unis, et les porte-avions Truman et Nimitz se trouvent dans le nord de l'Océan Indien.

La France qui attend le signal des USA dispose en Méditerranée de frégates porte-hélicoptères, tandis que le porte-avions Charles de Gaulle est basé dans le port de Toulon. Paris a aussi des avions à Djibouti (7 Mirage 2000) et Abou Dhabi (6 Rafale).

La Turquie, deuxième plus grande armée en nombre après les Etats-Unis au sein de l'Otan, peut être appelée à jouer un rôle décisif, avec 510.000 hommes, et une aviation forte de 354 avions de combat, essentiellement des F-16 américains.

La Turquie héberge actuellement des systèmes de défense anti-missiles Patriot fournis par les armées américaine, allemande et néerlandaise, au titre de l'Otan, pour la protéger contre d'éventuels missiles syriens.

La participation des pays du Golfe devrait être simple et limitée: pas de soutien matériel, en dehors de l'utilisation des bases américaine et française, mais un appui politique.