Danielle Helme auteure grenobloise, a donné une conférence sur Phyllis de la Charce pour le 70è Musc'art

Danielle Helme au 70è Musc'art: Phillis de la Charce, une autre Jeanne d'Arc

Le 70è Musc’art n’aura reçu, pour la première fois, qu’une seule invitée, le second ayant dû capituler en gare d’Avignon devant les nouvelles prestations des grévistes de la SNCF. Mais il nous restait heureusement une invitée, venue aussi de « l’extérieur », de Grenoble plus exactement, une ville pour laquelle Danielle Helme nourrit un attachement indéniable.

 

Cette descendante de l’égyptologue Champollion, qui a dû lui transmettre le gène des arts et des lettres, s’est adonnée à de moult activités artistiques à Dijon puis à Grenoble maintenant, où l’écriture, « son besoin viscéral », occupe une grande partie de son temps d’auteur à succès, son dernier roman, « Le radin », ayant été présenté lors d’un récent Musc’art.

Danielle Helme, désormais de plus en plus intéressée par l’histoire de sa ville, s’est muée en conférencière, après avoir étudié de plus près les faits et gestes de personnalités historiques du Dauphiné. Et elle a fait un excellent choix, en s’arrêtant sur Phillis de la Charce et a donc produit sa petite conférence pour ce 70è Musc’art devant un public très attentif.

Née Philippe de la Tour du Pin de la Charce, elle change de prénom et devient Phillis, le prénom d’un héros de « l’Astrée », le roman d’Honoré d’Urfé, qu’elle a lu.

Vivant entre Montmorin et Nyons, dans une famille nombreuse, elle est de religion protestante mais se convertit au catholicisme après la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV, en 1685. Femme de lettres, elle reçoit Sainte-Beuve, Scarron et Vauban. En 1692, lorsque le princeVictor-Amédée II envahit le Dauphiné pendant la gfuerre de la Ligue d'Augsbourg, Phillis  organise la résistance populaire aux troupes de l'envahisseur et c'est à cheval et l'épée à la main qu'elle  libère Gap, le Diois et les Baronnies, à la tête d'une armée de paysans qu’elle a recrutés. Tous les historiens ne s’accordent pas sur les faits de celle qui est quand même considérée comme « la Jeanne d’Arc du Dauphiné » et la troisième héroïne féminine française après Jeanne Hachette.

Phillis de la Charce a toutefois été complimentée et pensionnée par Louis XIV, qui la tient en haute estime. Grenoble lui érige une statue et Nyons aussi, selon que la municipalité voit les faits à travers des lunettes protestantes ou….catholiques !!!

Erigée dans le Jardin des Dauphins de Grenoble, la statue de Phillis ne passe pas inaperçue

Il n’empêche, Voltaire s’intéresse à elle et Phillis reste une grande figure féminine mal connue du Dauphiné, d’où le mérite de Danielle Helme, de la sortir de l’ombre, comme une femme en rupture avec son temps, qui symbolise aussi la modernité de la Femme, une femme qui a quand même son mausolée dans l’église de Nyons, où partisans catholiques et opposants protestants revanchards ont souvent opposé leurs arguments avant que cette femme ne trouve une juste reconnaissance pour ses combats, avant que Napoléon III ne rattache la Savoie à la France.

Belle leçon d’Histoire de France et d’une région proche de la nôtre par une grande dame, dont le discours, gentiment féministe mais nullement agressif, a fait passer une soirée des plus agréables au public de ce 70è Musc’art, qui s’est comme d’habitude retrouvé autour de la table de Stéphanie, pour le repas convivial.