Les Soudanaises ont payé́ un lourd tribut dans les luttes. Les discriminations n’ont guère cessé, les femmes sont contraintes de se protéger en permanence contre le harcèlement, les risques de viols, de sévices... (Photo: DR)

Les femmes soudanaises fer de lance du soulèvement contre l’armée

Elles étaient hier en première ligne pour provoquer la chute du dictateur Omar el-Bechir en avril 2019 et elles le sont toujours... Les Soudanaises sont plus que jamais présentes au cœur du mouvement populaire après le coup de force de l’armée, lundi 25 octobre.

Femmes au foyer, étudiantes, travailleuses, elles se sont courageusement mêlées aux manifestants pour la «marche du million» samedi 30 octobre.

La robe blanche de Alaa Salah, cette jeune femme qui haranguait les foules au printemps des premiers soulèvements, debout sur le capot d’une voiture, avec les mots du poète Azari Mohamed Ali – «les balles ne nous tuent pas, la mort c’est le si- lence» – «flottait au-dessus des cortège dans toutes les villes du Soudan», commente Naellia, doctorante en archéologie, venue rejoindre Anila, Abrar, Esrra, ses amies rassemblées samedi sur la place de la République à Paris, en soutien à leurs compatriotes.

Toutes vivent avec le sentiment d’un combat inachevé. Les Soudanaises ont payé́ un lourd tribut dans les luttes. Elles n’ont pas été épargnées lors des massacres du 3 juin 2019 à Khartoum, et représentent 30% des milliers des personnes incarcérées.

Les discriminations n’ont guère cessé, les femmes sont contraintes de se protéger en permanence contre le harcèlement, les risques de viols, de sévices. Mais leur résistance est ancrée dans la tradition.

Un rôle historique…

Lors des sit-in pacifiques, elles se chargent spontané-ment des tâches de logistique, dispensent des soins, se montrent créatives dans les chants de protestation, régulent les paroles. Elles s’octroient une large place au point de devenir indispensables quand la rue s’ébranle.

Leur rôle est historique, il prend notamment racine dans le souvenir de Khalida Zahir, médecin, arrêtée et violentée pour s’être insurgée contre l’occupation britannique en 1946.

Les organisations militantes voient le jour dans les années 1950, dont l’Union des femmes soudanaises, en 1952, l’Association pour la promotion des femmes et les Sœurs républi- caines. Nombre d’entre elles rejoignent le Parti communiste soudanais.

Naellia, Anila, Abrar et Esrra croient dur comme fer que la volonté poplaire arrivera à bout des généraux qui veulent conserver la mainmise sur le pays.