Soudan : le premier gouvernement post-dictature

Le Soudan annonce de la composition d'un nouveau gouvernement après des mois de contestation ayant abouti à la chute d'Omar el-Béchir et à un accord historique entre les manifestants et les militaires signé le 17 août.

Investi aussitôt après, le 21 août, le Premier ministre Abdallah Hamdok nomme, mercredi 28 août, les membres de son cabinet parmi les noms proposés par les Forces pour la liberté et le changement (FLC), fer de lance du mouvement de contestation, rapporte l'AFP.

"J'ai reçu mardi les noms des candidats proposés par les FLC", indique M. Hamdok en précisant avoir 49 propositions pour 14 ministères. Les ministres de l'Intérieur et de la Défense seront toutefois nommés par les militaires. Le gouvernement, composé au maximum de 20 membres (des technocrates), se réunira le 1er septembre avec le Conseil souverain formé il y a une semaine.

Ce Conseil qui est composé de 11 membres (six civils, dont deux femmes et cinq généraux), doit mener pendant un peu plus de trois ans la transition vers un pouvoir civil. Selon l'accord de transition, le Parlement qui doit être constitué devra comporter au moins 40% de femmes.

Agé de 63 ans, Abdallah Hamdok, un économiste et ancien collaborateur des Nations unies, a affirmé qu'il s'attacherait à "une représentation juste des femmes" au sein du gouvernement.

"J'ai des sentiments partagés à propos du gouvernement à venir", a toutefois déclaré Tahani Abbas, militante pour les droits des femmes, citée par l'AFP. "La composition qui a été ébruitée suggère qu'il ne représente pas les femmes de manière satisfaisante".

Plus de 250 morts dans la répression...

Au plan politique, le nouveau gouvernement se fixe comme défi la conclusion d'accords de paix avec les groupes rebelles dans les régions du pays en conflit, notamment ceux ayant rejeté l'accord de transition. Le premier ministre promet "d'arrêter la guerre et de construire une paix durable".

Des centaines de milliers de personnes ont été tuées dans les conflits au Darfour, au Nil Bleu et au Kordofan-sud, et des millions déplacées.

Au plan économique, la tâche est immense. Il faut stopper l'inflation et la pénurie des produits de première nécessité, réalimenter les caisses en devises étrangères avec ce qui reste des réserves pétrolières. Les manifestations de décembre 2018 ont été déclenchées par le triplement du prix du pain et se sont transformées en soulèvement contre le régime du général Bechir.

Plus de 250 personnes ont péri dans la répression de la contestation, selon des sources concordantes.

(Avec AFP)

Photo (DR) : Agé de 63 ans, Abdallah Hamdok, un économiste et ancien collaborateur des Nations unies