la place Taksim d’Istambul noire de monde... (Xinhua)

Turquie: Reccep Tayyip Erdogan, un apprenti sorcier…

Le vent de la révolte souffle sur les rives du Bosphore et une odeur de gaz plane sur la place Taksim d’Istambul, après les violents affrontements de samedi entre manifestants et forces de l’ordre.

Déclenchée par une opposition à l’aménagement du parc Gezi, la contestation a été violement réprimée jusque tard dans la nuit, avant que la police ne lève le camp. Le jour revenu, les manifestants ont trinqué de rage et de joie pour fêter leur résistance à la brutalité policière et on a dansé au pied de la statue d'Atatürk, fondateur de la République, père de la révolution « Kémaliste », mais pas seulement.

A l’heure où ces lignes sont écrites, l’insurrection a gagné la capitale Ankara où des manifestants évoluent en direction des bureaux du premier ministre, prêts à l’affrontement avec la police et la place Taksim est à nouveau noire de monde.

Le mouvement de contestation citoyenne à un projet urbain insensé a ainsi vite fait de se muer en insurrection anti-AKP (Parti de la justice et du développement, islamiste). Le premier ministre qui en est issu, Reccep Tayyip Erdogan, bombe le torse et qualifie les manifestants de « vandales ». Le pouvoir islamo-conservateur transformé en Etat policier qui tente d’imposer un mode de vie et écrase sournoisement les libertés individuelles et collectives n’en est pas moins ébranlé.

Il est sans doute un peu tôt pour formuler des hypothèses sur la suite du mouvement. Pour l’instant, ce qui ressemble au moins à un coup de semonce doit sûrement refroidir les islamistes algériens grands admirateurs du « tout commerce » à la Turque sur fond d’intégrisme rampant.

En attendant, Erdogan menace de donner ordre à ses troupes d’investir la rue pour faire une démonstration de force et impressionner les opposants qui, poings levés et drapeaux au vent, réclament sa démission. Un apprenti sorcier…