les algériens ne se bousculent pas pour contempler les affiches électorales... (DR)

La campagne électorale bat son plein dans l’indifférence de la population

La campagne des présidentielles bat sont plein sans pour autant susciter beaucoup d’intérêt. Les Algériens ne se font pas d’illusions sur l’issue du scrutin du 17 avril. Sauf retournement spectaculaire, les jeux sont faits en faveur d’Abdelaziz Bouteflika pour un 4ème mandat.

Ali Benflis, candidat Algérien sans étiquette aux présidentielles, seul rival de poids (très relatif) face à Abdelaziz Bouteflika, a fait son apparition sur les murs des villes françaises de Seine Saint-Denis où résident de nombreux algériens, mine réjouie sur fond bleue d’affiches frappées d’un slogan pompeusement prometteur : « Ensemble pour une société des libertés ». Cet ex-apparatchik qui s’est construit dans les rangs de l’ex-parti unique (FLN) et a occupé les postes de ministre de la Justice (1988-1991) et de Premier ministre de Bouteflika (2000-2001), mène campagne tambour battant. Benflis se targue de faire salles combles, de draîner des foules. En fait, le candidat envoie surtout des signaux aux ex-militants du tristement célèbre Front islamiste du salut (FIS), se prononce à demi-mot en faveur d’une amnistie générale des terroristes islamistes condamnés pour des actes criminels.

Face à Benflis, la redoutable machine de Bouteflika a été mise en branle avec les moyens publics et la généreuse contribution d’hommes d’affaires. Immobilisé pour de graves raisons de santé, le président candidat est aussi muré dans son silence, tandis que son directeur de cabinet, un conseiller spécial, deux ministres en exercice et le patron du FLN, parcourent le territoire pour discourir à la gloire de son bilan, marteler l’argument de la stabilité, brandir le spectre du retour à la violence, aux années noires.  

Entre ces deux grands pôles de campagne, quatre candidats s’épuisent vainement à rameuter les foules. Des « lièvres », disent les mauvaises langues, pour grappiller quelques voix à Ali Benflis et assurer l’élection triomphale d’Abdelaziz Bouteflika.

Les boycotteurs -Des démocrates et laïcs flanqués d’islamistes- tentent de se faire entendre dans ce brouhaha, sans trop y parvenir. Ils se promettent de réussir le coup d’éclat d’une grève générale le 17 avril, à l’ouverture du scrutin.

L’opposition au quatrième mandat de Bouteflika enfin, réprimée, puis contenue dans de maigres espaces d’expression et sévèrement dénigrée dans les médias publics, ne lâche pas prise pour autant. Le mouvement Barakat (ça suffi !) se déploie à l’intérieur du pays, jusque dans les régions du sud.

Reste un fait marquant confirmé par des témoignages concordants : le peu d’intérêt porté par la population à la campagne malgré le tapage médiatique. « Ce désintérêt est proportionnel au fait que plus on avance dans les élections présidentielles, moins il y a du suspense quant à leurs issues », explique au journal en ligne TSA la politologue Louisa Ait Hamadouche. Encore sous le coup des années noires, les algériens sont ainsi facilement pris en otage par le clan Bouteflika.