plus de 30.000 africains ont manifesté pacifiquement le 5 janvier dernier... (DR)

Israël : de scandales en scandales racistes et xénophobes…

L’affaire fait grand bruit en Israël, suscitant une polémique qui revoie la classe politique et les milieux ultra-orthodoxes à un débat de société pour le moins sensible : la pérennité du peuple juif… une porte grande ouverte aux dérives xénophobes et racistes…

A la source de ce qui a été vite perçu comme un scandale : la révélation par le journal norvégien Dagen de la relation entre le fils du premier ministre Yair Netanyahu, 23 ans, et une Norvégienne de 25 ans, Sandra Leikanger, qui poursuit ses études en Israël. Sacrilège ! ont aussitôt crié des vigiles, choqués par ce mauvais exemple au plus niveau de l’Etat qui pourrait faire tache d’huile et menacer la pérennité du peuple juif. Tollé ! Premier à ouvrir le feu, le leader du parti ultra-orthodoxe Shass : « si cela est vrai, à Dieu ne plaise, ce n'est pas seulement un problème personnel mais un symbole pour le peuple juif,» a-t-il regretté. « En tant que Premier ministre d'Israël et du peuple juif, il doit faire preuve de responsabilité nationale en défendant les valeurs qu'il représente dans sa propre maison. Je parie que cela lui fait mal. Tout juif qui voudrait préserver ses racines veut voir son fils épouser une juive. Nous ne manquons pas de jeunes femmes belles et talentueuses », a bombardé de son côté dans le Jerusalem Post, le député Nissim Zeev, du même parti. Ainsi mis au pied du mur, Benjamin Nétanyahu aurait finalement lâché un démenti auprès d'Arieh Deri, chef de file du parti ultraorthodoxe Shass, a rapporté la deuxième chaîne de télévision israélienne. L’honneur est sauf !

Cette montée en charge des ultra-orthodoxes autour d’une relation « mixte »  n’est pas sans rappeler le racisme rampant qui gangrène la société israélienne. Celui dont souffrent par exemple les milliers de demandeurs d’asile originaires du Soudan et d’Erythrée, venus plus nombreux au milieu des années 2000 suite aux barrières érigées à l’entrée de l’Union Européenne. Les migrants arrivants d’Europe de l’Est sont de loin plus nombreux que ces derniers, mais les africains ont droit à un traitement spécial. Plus de 30.000 d’entre eux ont manifesté pacifiquement le 5 janvier dernier en réaction à un projet de loi autorisant leur placement en rétention sans procès durant un an pour situation irrégulière. Un député du parti religieux Shass avait alors appelé les autorités à faire preuve de fermeté pour  « renvoyer les clandestins chez eux » et éviter que Tel-Aviv ne devienne « ville africaine ». Concentrés dans les quartiers pauvres de cette même cité, les « Noirs » sont régulièrement la cible de comportements racistes et xénophobes, entre insultes et autres attitudes humiliantes dans les rues et dans les transports.

Fussent-ils de religion juive, les Noirs ne sont d’ailleurs pas mieux traités. Une députée israélienne d’origine éthiopienne s’est ainsi vu refuser son sang par une organisation caritative. Selon des sources concordantes, les autorités sanitaires prendraient soin de se débarrasser systématiquement du sang provenant de la communauté noire.  Autre ignominie : le scandale de la contraception imposée aux juives éthiopiennes à leur arrivée en Israël qui avait défrayé la chronique dans les années 2000. Lors d’un reportage télévisuel trente cinq d’entre elles  révélaient qu’elles avaient été contraintes d’accepter une injection de Depo-Provera, un agent contraceptif de longue durée, au risque de ne pas être autorisées à pénétrer sur le territoire israélien. D’où la vive réaction de l'Association pour les droits civiques en Israël (ACRI), exigeant la « fin immédiate » des injections et l’ouverture d'une enquête. La fécondité des juives éthiopienne avait chuté de 50%, contraignant le gouvernement israélien à reconnaître l’instauration de ce dispositif de contraception à l’entrée, après avoir démenti durant des années…

Des actes ignobles qui tendent à se multiplier dans un climat raciste entretenu par les mouvements religieux au non de la pureté de la race juive blanche, avec la complicité à peine voilée du gouvernement Nétanyahu. Une théorie pour  le moins surprenante de la part d’un peuple qui a souffert de crimes abominables visant à son extermination et qui fait aujourd’hui honte à une partie non négligeable de la société civile israélienne aux voix tristement éteintes.