l'objectif est de culpabiliser l’armée aux yeux de la communauté internationale, de se présenter en victimes d’une répression aveugle... (Xinhua)

Egypte : les Frères musulmans provoquent des flambées de violence

L’après Mosri démarre dans un bain de sang à l’appel des dirigeants des Frères musulmans pour un soulèvement contre l’armée et les services de sécurité. Les derniers bilans des affrontements confirmés par le ministère de la Santé s’élèvent à plus d’une cinquantaine de morts et 435 blessés. Les opposants à l’ex-président poursuivent leur mobilisation de masse et ne cèdent pas la rue aux islamistes. La place Tahrir au Caire ne désemplit pas

Un à deux milles partisans de Morsi, selon les sources, ont tenté, lundi 8 juillet après la prière de l’aube, de prendre d’assaut le siège de la Garde républicaine où il est supposé être assigné à résidence. « Une partie des assaillants était armés de gourdins, de couteaux et de cocktails molotov », rapporte Hicham Aboud journaliste à Al-Ahram Hebdo. «Des habitants affirment que les soldats en position sur les lieux ont d’abord lancé des tirs de sommation pour dissuader les attaquants », poursuit-il.

Les pro-Morsi accusent pour leur part les militaires d’avoir tiré à l’aveuglette, sans prévenir. L’affrontement a été sanglant suscitant la réaction immédiate de l’état major de la Confrérie. « Ce jour ne peut pas être effacé. Il restera comme une tache indélébile sur les militaires qui ont ouvert le feu contre des citoyens égyptiens », ont déclaré les dirigeants islamistes lors d’une conférence de presse. Les Frères ont également affirmé que des enfants étaient présents dans la foule. Une information démentie par les services de secours, qui précisent par ailleurs que « la localisation des impacts de balles, relevés sur les cadavres, ne trahit aucune consigne de tir spécifique ».  

« Les autorités ont été surprises par une foule qui jetait des pierres contre elles, dans le périmètre du Quartier Général de la garde Républicaine », a expliqué de son côté le porte-parole du ministère de l'intérieur égyptien, lors d’un point de presse tenu lundi et dont ont été exclus les journalistes d’Al-Jazira, sous pression des autres confrères présents. Les militaires restent dans tous les cas plutôt fermes. L’institution a présenté « ses condoléances » au peuple égyptien, mais n’en reste pas moins déterminée à ne pas tolérer de «menace à la sécurité nationale ».

Le président par intérim Adly Mansour a exprimé « ses regrets » à la télévision et ordonné l'ouverture d'une enquête sur l’évènement dont les circonstances « restent troubles », reconnaissent nombre d’observateurs.

Le Qatar qui soutient ouvertement les Frères musulmans s’est empressé d’appeler à la « protection des manifestants pacifiques et à leur droit à s’exprimer », laissant sans surprise supposer une bavure de la part des militaires.

Moscou n’a pas manqué de dresser un parallèle avec la guerre interne qui déchire la Syrie. « L’Egypte se dirige dans la même voie (…) on aimerait que le peuple égyptien évite d’avoir  la même destinée », a commenté Vladimir Poutine, rapportent les agences russes.

L'Union européenne a condamné les violences, tout en assurant au cours d'un point de presse de la porte-parole, Catherine Ashton, qu’il « n’est pas prévu de changer le dispositif d’aide ».

L’armée poursuit entre temps l’application de sa « feuille de route ». Selon des sources concordantes, l’économiste Ziad Bahaa El-din occuperait le poste de premier ministre e et Mohamed El Baradaï celui de vice-président.

L’épisode de l’attaque du siège de la Garde républicaine marque un premier tournant dans l’après Morsi. « Les dirigeants de la Confrérie ont jeté les troupes de militants dans cette opérations en connaissance de cause. Les affrontements ne pouvaient que déboucher sur un tel bilan », estime le patron de la rédaction d’Al-Ahram Hebdo.

Selon lui « le spectre de la guerre civile », n’est pas une hypothèse fiable. Les Frères redouteraient au contraire la « multiplication des heurts avec les anti-Morsi », plus nombreux et déterminés. Ils ne veulent pas non plus « se mettre définitivement à dos une grande partie de la population. Pas question de griller toutes leurs cartes ».

Malgré les propos incendiaires et les menaces, «ils n’ont pas une stratégie de guerre civile ». L’appel au soulèvement est une incitation à des flambées de violence pour « culpabiliser l’armée aux yeux de la communauté internationale, se présenter en victimes d’une répression aveugle, changer le rapport de force » soutient le journaliste.

Les islamistes, toutes tendances confondues, vont enfin sûrement multiplier les actes de sabotages contre les installations et infrastructures pour mettre les nouvelles autorités en difficulté.