''On ne va pas passer sous les fourches caudines !'', disait souvent Robert Tessier.

Robert Tessier, ''la mémoire de la CGT à Montpellier'', s'est éteinte

Haute figure de la CGT à Montpellier, Robert Tessier est décédé aujourd'hui, à l'âge de 75 ans. Reste le souvenir et l'exemple d'un militant infatigable du droit des travailleurs, une mission qu'il a accomplie avec passion au sein du Conseil des Prud'hommes de Montpellier, comme ailleurs, dans tout son ressort personnel.

Dans les rangs cégétistes de Montpellier, on l’appelait « la mémoire de la CGT ». Parce qu'il y était un patriarche, un ancien, qui, gloire à lui, n'avait rien perdu de ses valeurs, ni de ses convictions, au fil des ans.

Outre ses décennies d'engagement au sein de l'institution prud'homale qu'il a notamment présidée à Montpellier, il était monnaie courante de le voir décrocher son téléphone pour répondre à une question sur le code du travail, donner un conseil avisé ou apporter un mot réconfortant de soutien, avant qu'il n'appelle à son tour la personne intéressée. Pour lui montrer, à sa manière très efficace, que le dialogue et le respect se construisent toujours à deux. Jusqu'à se déplacer en personne, comme on décrocherait un téléphone, en gage du fait que rien ne vaut l'existence, debout et la tête haute, les yeux dans les yeux.

Convictions

« On ne va pas passer sous les fourches caudines ! » En tous lieux et en toutes circonstances, c'était son leitmotiv, même s'il savait, en négociateur avisé, qu'il fallait toujours accepter d'en lâcher un peu pour que chacune des parties en conflit puisse sortir la tête haute d'une situation de crise...

« Robert, c'était quelqu'un de conviction qui ne s'en laissait pas compter, s'il fallait y aller, il y allait », rappelle Gérard Frances qui lui avait succédé à la tête de la présidence du Tribunal des Prud'hommes pour la CGT, lorsqu'il avait décidé de s'en retirer : « C'était quelqu'un d'entier, de caractère, qui n'était pas dans les faux-semblants : s'il y avait des choses à dire, il les disait et s'il fallait aller encore plus loin, il avait toujours du répondant ! C'était un militant à l'ancienne, pas du style des costards-cravates d'aujourd'hui, même s'il était toujours très bien habillé... Depuis 1979, il a formé des dizaines et des dizaines de conseillers prud'hommes à Montpellier ! »

Comme le résume Julien Colet, le secrétaire de l'Union locale CGT, dans un communiqué, les « qualités » de Robert Tessier « étaient nombreuses » : « droit, modeste à l’excès, fidèle en amitié et résolument dévoué à la défense des salariés ».

Authenticité

Toujours impeccable avec sa moustache, son veston, sa chemise et son regard profond, Robert Tessier, dans toute sa tranquillité, pouvait nous faire oublier qu'il avait vécu la guerre, à l'âge de 20 ans. Celle d'Algérie qui lui avait coûté 6 mois de coma après s'être fait littéralement fracasser le crâne... Il en était revenu avec un humanisme renforcé qui l'avait laissé pour toujours aux côtés de la CGT et du PCF, dans le respect de sa liberté de parole, mais aussi avec une phobie latente de l'univers hospitalier. 

Fatigué ces dernières années par un diabète, il avait été victime, il y a une quinzaine de jours, d'un accident vasculaire cérébral qui l'avait ramené dans un hôpital où il n'était bien évidemment pas destiné à traîner... Ses funérailles auront lieu ce jeudi 11 juillet, à 8h30, à Grammont, à Montpellier.