L'huile de table interdite à la vente aux mineurs en Algérie (PHOTO : DR)

L'huile de table désormais interdite à la vente aux mineurs en Algérie

On a peine à y croire, mais c'est très officiellement que le régime algérien a décidé d'interdire la vente de l'huile de table aux citoyens de moins de 18 ans. Une nouvelle mesure qui témoigne de la panique qui s'emprare du régime face à la pénurie.

Cette mesure, entrée en vigeur jeudi 6 janvier, est l'oeuvre du ministère du Commerce. Le Kamel Rezig, à la tête du ce ministère, a tenté de s'en expliquer devant la presse. Selon lui, cette interdiction vise à lutter contre la spéculation dont les mineurs seraient des pions utilisés par ceux qui veulent effectuer plusieurs achats.

Avant même d'avoir endigué la pénurie, le ministre promet que l'Algérie dominera le marché de la matière première utilisée dans la production d'huile

Dans une déclaration à la presse samedi, le ministre a ajouté que son département ne tolérerait pas les spéculateurs et qu’il y aura une coordination avec les services de sécurité afin de sanctionner ceux qui sont à l’origine de la pénurie de ce produit de large consommation.

“La consommation irrationnelle de l’huile de table et la spéculation ont provoqué la pénurie de ce produit dans certaines wilayas”, a-t-il expliqué, ajoutant que “l’Algérie occupera en 2022 la première place en Afrique dans l’exportation de la matière première entrant dans la production de l’huile”.

L'huile de table est un produit rationné, chaque client ne pouvant en acheter qu'un bidon à la fois dans les commerces. Par conséquent, toujours selon Kamel Rezig, certains enverraient des mineurs acheter des bidons d'huile afin de les stocker dans le but de les revendre plus tard.

Une telle mesure est frappante sur le plan de l’image

Pour certains observateurs, s'il y a bien spéculation, c'est parce que non seulement les importations ne suffisent pas à cause des restrictions du gouvernement, mais aussi parce que certains opérateurs veulent bien tirer profit de cet entêtement du gouvernement à ne pas ouvrir les vannes des importations d'huile, notamment pour le groupe Cevital, le plus grand producteur local d'huile raffinée.

"En plus d’être à portée limitée, sachant que la grande spéculation, celle qui est réellement problématique, se fait par le stockage de cargaisons entières, une telle mesure est frappante sur le plan de l’image, l’interdiction de vente aux mineurs concernant uniquement les produits dangereux comme l’alcool, le tabac ou les armes dans les pays où ce genre de commerce est autorisé". Explique Tout sur l'Algérie dans ses colonnes

C'est au printemps 2021, qu'est survenue la première pénurie d'huile de table et son origine était clairement la décision du même ministère du Commerce d'imposer la facturation aux distributeurs, ce qui, de facto, avait réduit considérablement leur marge. Du coup, la plupart d'entre eux avaient renoncé à la distribuer.

Dans la même logique, il y a à peine trois mois, en octobre 2021, les autorités ont interdit la vente d'un, deux ou cinq litres subventionnés aux industriels qui doivent s'adresser directements aux producteurs. Du coup, certains n'hésitent pas à contourner cette nouvelle mesure.

Entre colère et tristesse, les internautes algériens n’ont pas manqué de réagir

« C’est un scandale que nous vivons, je ne comprends pas pourquoi personne ne réagit ! » s’exclame une internaute. Elle est épaulée par d’autres, tout aussi dans l’incompréhension et appelant au boycott.

Un autre internaute blâme le peuple qui se laisse faire, « au point où ils pensent qu’ils nous rendent service en nous vendant une bouteille d’huile. »

« On est arrivé au point où on a peur d’être agressé si on transporte une bouteille d’huile avec nous, » ajoute un internaute, résumant la situation que vivent des Algériens pour la deuxième fois en une année.