Stéphane Taponier est arrivé dans un grand calme et une grande pudeur,  au mili

Stéphane Taponier : « Je vous dis un grand merci ! »

Soirée riche en émotions, hier, au Club de la presse de Montpellier... Libéré le 29 juin dernier après 547 jours de détention en Afghanistan, le journaliste Stéphane Taponier était invité à déboucher le champagne, sur le parvis du Nombre d'Or, à Antigone. Pour clore un peu plus le dur souvenir de cette terrible épreuve subie avec son confrère Hervé Ghesquière. Et fêter, comme il se doit, l'aboutissement positif de la mobilisation sans faille orchestrée par le club de la presse et le comité de soutien des deux otages. Un comité de soutien animé inlassablement par son amie Nacera et son frère Thierry, tous deux montpelliérains.

Remplumé et souriant

Remplumé et souriant, le teint hâlé, Stéphane Taponier, est arrivé dans un grand calme et une grande pudeur, au milieu de la cinquantaine de personnes présentes. Les flashs crépitent et gravent cet instant de pur bonheur. Les mots chaleureux et les salves d'applaudissements ont suivi ensuite. Ceux du club de la presse Languedoc-Roussillon, d'abord, en la personne d'Olivier Roirand, qui a mis en lumière la forte implication des mondes politique, économique et judiciaire dans le combat pour la libération des deux otages : « Merci à tous ceux qui ont soutenu les actions menées pour demander ta libération et celle d'Hervé. Bienvenue ici, Stéphane ! Tu es ici chez toi, nous sommes très, très heureux de te voir ! » Puis ceux des nombreux élus présents en cette terre socialiste. A commencer, par Anne-Yvonne Le Dain, vice-présidente du conseil régional : « Nous sommes fiers de ce que vous avez entrepris en prenant le risque d'aller où vous êtes allés. C'était un choix professionnel qui témoigne de la liberté fondamentale du journalisme. (...) Bon vent, bonne chance, et merci pour la force de vos paroles et le courage de ce que vous avez dit en arrivant ». Hélène Mandroux, le maire de Montpellier a également fait référence à cette déclaration publique (1) prononcée par Hervé Ghesquière avec Stéphane Taponier, le lendemain de leur libération, au cœur de la maison France Télévisions : « Si vous êtes partis là-bas, c'était pour nous informer, pas pour partir en voyage comme certain ont crû bon de devoir le dire au début ». « Le peuple avait bien compris que l'on n'a pas le droit de priver de liberté quelqu'un qui veut servir la cause de la démocratie et, justement, de la liberté d'expression », a pour sa part souligné André Vézinhet, député et président du Conseil général de l'Hérault. Joignant le geste à la parole, l'élu a remis à Stéphane Taponier un « livre d'or » bien particulier : « celui de la victoire du courage, sur l'adversité et la privation de la liberté », rédigé lors d'une journée de mobilisation par les citoyens présents sur la place de la Comédie. Rendant également hommage au journalisme, Jean-Pierre Moure, le président de Montpellier Agglomération, a quant à lui salué le « message positif » que représente cette « libération » : « Ce que vous avez traversé, on sait tous que d'autres le vivent encore et continueront à l'éprouver, malheureusement. A l'issue de cette solidarité, de cette épreuve que nous avons vécu ensemble pour vous accompagner, pour vous pousser à résister, à croire que le soleil se relèverait, c'est ce soir un grand plaisir de témoigner à vos côtés ».

Le mot de Stéphane

A la suite du Club de la presse et des élus, des journalistes locaux ont également été invités à exprimer leur solidarité, avant que Stéphane Taponier ne prenne le micro. Ce qu'il a fait avec une grande classe, un léger tremblement de voix seulement trahissant la forte émotion que peut susciter un tel instant, après 18 mois d'un enfer évanoui grâce à la mobilisation de tous : « Merci d'être là. Je ne vais pas relancer le débat ou la polémique : ''faut-il médiatiser les otages ?''. Mais sachez qu'au fond de notre trou, à plus de 6000 km, en Afghanistan, dans une cave opaque... Savoir que des gens se mobilisent, font des actions, pour nous, c'était un lien de vie très important ! Quelque chose qui nous rattache à une certaine réalité... Parce qu'on n'avait plus de choix : ni celui de vivre, ni celui de l'heure de notre repas, ni aucun autre ! On ne pouvait rien choisir... On savait que les confrères allaient se mobiliser, ils savent se mobiliser, toujours, dans ce cas... Mais apprendre que toutes ces institutions se sont également investies, ça nous va droit au cœur... Au nom d'Hervé et de moi-même, je vous dis un gros, un grand, un énorme et un chaleureux merci ! » N.E (1) Hervé Ghesquière, le 30 juin 2011 :« J'ai entendu sur des chaînes de télévision des analystes, et pourtant des anciens reporters de terrain, qui ont dit : ''Oui, mais l'armée française les avait bien prévenus. Ils allaient au devant de graves problèmes, au devant de graves périls''. C'est absolument faux, personne ne nous a rien dit, que cela soit clair. Je ne sais pas d'où ça vient... Nous ne sommes pas allés affronter la face nord de l'Everest en tongs, loin de là ! (…) On a pris le moins de risques possible ».