le feu couve toujours sur le front social, qui peut à tout moment embraser le reste de la société... (DR)

Tunisie : nouveau SOS de la jeunesse dans la misère

Le jeune tunisien Adel Khadri, 27 ans, vendeur ambulant de cigarettes, est mort à l’aube de ce mercredi des suites de ses blessures après s’être immolé par le feu la veille au cœur de la capitale, sur l’avenue Bourguiba, dénonçant dans un dernier soupir le drame du chômage qui désespère la jeunesse.

Ce geste similaire à celui du vendeur ambulant Mohammed Bouazizi, le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, qui attisa le feu de la révolution tunisienne, interpelle la classe politique de ce pays, trop occupée à des batailles de pouvoir et qui peine à traverser l’épreuve de reconstruction des institutions de l’Etat.

Les islamistes d’Ennahda au pouvoir se sont montrés incapables de réponses urgentes aux attentes de la jeunesse, préférant plutôt la caporaliser avec le concours des salafistes en mission permanente de manipulation idéologique des laissés-pour-compte, dans les quartiers pauvres et les régions déshéritées.

Deux années après le déclenchement du vaste mouvement qui emporta le système Ben Ali, le feu couve toujours sur le front social, qui peut à tout moment embraser le reste de la société. Vendeurs ambulants et chômeurs en détresse n’ont encore rien vu de cette Tunisie nouvelle dont ils attendaient tant.

Chef d’une famille très pauvre dont il était le seul soutien après la mort de son père, Adel a choisi de se cramer corps et âme pour au moins exister dans les mémoires et les consciences. Son geste tragique est un nouveau SOS de la jeunesse dans la misère, orpheline de la Révolution.