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Libérer le sport et les corps de l’argent

Ce n’est un secret pour personne, le sport est malade de l’argent.

Les clubs côtés en bourse, le naming, les sommes hallucinantes des transferts, le dopage, la fraude fiscale, la corruption, la démesure des Jeux Olympiques… la finance est partout, elle envahit les stades, les gymnases, les vestiaires. Alors que jamais le sport n’a généré autant de profits, dans le même temps les bénévoles des clubs de quartiers se battent comme des chiens pour avoir trois ballons et des locaux salubres.

Mais fidèle à la devise de Coubertin, "Citius, Altius, Fortius" , la finance cherche toujours à se surpasser et à repousser sans cesse les limites de la décence.

Ainsi donc hier, Monaco a gagné 2 buts à 1 contre le Borrussia Dortmund en quart de final aller de la ligue de champions.

Bravo et cocorico donc. Les millionnaires monégasques pratiquent un football chatoyant et offensif très agréable à regarder après une dure journée de labeur payée au SMIC.

La veille du match, le bus des joueurs de Dortmund a subi une attaque grave et sérieuse à l’explosif. Il n’y a pas eu de morts fort heureusement mais le défenseur international espagnol Marc Bartra a néanmoins dû être hospitalisé.

On peut penser ce que l’on veut des joueurs de foot professionnels (surpayés, égocentriques, mal coiffés etc.) mais quand même. Comment a-t-on pu leur demander de jouer au football moins de 24h après l’explosion ? Comment a-t-on pu les obliger à courir, à tacler, à dribbler alors que la veille ils ont frôlé la mort ?

Lors de la conférence de presse d’après match, le milieu de terrain de Dortmund, Nuri Sahin exprimait son désarroi :

« C’est dur d’en parler, dur de trouver les bons mots. Non, bien sûr, nous ne voulions pas jouer, je ne sais pas si les gens peuvent comprendre ça mais, jusqu’au moment où je suis entré sur la pelouse en seconde période, je n’ai pas pensé au football, pour être honnête (…) J’en ai la chair de poule. Je ne peux pas oublier ces visages dans le bus. Je ne les oublierai jamais».

Annuler un match des Ligues des Champions, ça coûte cher : droits télés, sponsors, minutes de cerveaux disponibles, que pèse donc les états d’âmes des sportifs face aux enjeux financiers de l’UEFA ?

Bombe ou pas bombe, le machine à fric must go on. Déjà en 1985, les morts du Heysel n’avaient pas empêché Michel Platini d’inscrire le pénalty de la victoire. Ca crache sur Poutine mais en 2018, la Coupe du monde aura lieu en Russie et il n’y aura pas grand monde pour appeler au boycott.

Dans le sport comme dans le reste de la société, il est grand temps de changer de modèle!

La politique sportive est aujourd’hui réduite à la course à l’accueil des grandes compétitions internationales. Paris s’est engagée pour accueillir les Jeux olympiques de 2024. Mais pour faire quoi ? Dépenser à perte des milliards d’euros dans des infrastructures et offrir quinze jours de publicité aux multinationales sponsors ? Pendant ce temps, tant de clubs et d’associations sportives populaires luttent pour leur survie. Faisons le choix d’un sport libéré de l’argent, d’un sport pour tous, en réaffirmant la fonction émancipatrice de la pratique sportive.

Julien Colet. Candidat de la France Insoumise aux élections législatives 2017 avec Jean-Luc Mélenchon – Première circonscription de Hérault

https://juliencolet2017.net

Consulter les propositions de l’Avenir en Commun en matière de politique sportive :

https://laec.fr/section/78/liberer-le-sport-et-les-corps-de-l-argent