Les salariés de l'Indépendant et de Midi Libre se sont mobilisés aujourd'hui

Les Journaux du Midi tournent la page du conflit, jusqu'à la prochaine séquence

70 salariés de l'Indépendant, tout de noir vêtus, devant l'entrée du siège des Journaux du Midi (JDM), à Saint-Jean-de-Védas (Hérault). Et 70 journalistes de Midi Libre réunis en assemblée générale à l'intérieur des murs. Séparés, désunis, mais tous mobilisés contre le même projet de plan social qui vise la suppression de 158 postes en 2012.

C'est dans ce contexte que s'est déroulé ce matin le conseil de surveillance du groupe, où Pierre Jeantet, le PDG de Sud Ouest, propriétaire des JDM, était présent, comme promis. Pas pour annoncer le retrait du plan social, comme pouvaient l'espérer les personnels de l'Indépendant et de Midi Libre, qui ont suspendu leur mouvement de grève dimanche dernier, dans l'attente de la rencontre prévue aujourd'hui sous les bons auspices de la renégociation...

Pierre Jeantet a en effet réaffirmé ce matin , l'impérieuse nécessité de dégager 8 millions d'euros à l'horizon 2014 pour ramener les JDM à l'équilibre et assurer leur survie. Sur la base de départs volontaires jusqu'en mars, avec les mesures financières les plus incitatives possibles au niveau comptable. Et, ensuite, aux moyens de « licenciements contraints », si aucune autre recette nouvelle ne permettait, à l'avenir, d'atteindre cette fameuse barre de 8 millions d'euros fixée comme un objectif « inamovible » et « irrévocable ». C’est Philippe Dautremont, élu SNJ (Syndicat National des Journalistes) et représentant de la Société des Journalistes de Midi Libre, qui l'a résumé devant l'assemblée générale.

Douche froide

Pas de quoi réjouir les journalistes du titre qui savent très bien ne pas pouvoir compter sur des ressources pécuniaires providentielles en ces temps de crise financière aiguë de la presse... Ils ont aussi très bien compris que l'heure n'était pas à l'attente d'un soutien financier du groupe Sud Ouest, comme l'illustre ce cri du cœur lancé dans l'assemblée générale : « Pourquoi à Sud Ouest ils embauchent et nous, ils débauchent ? »

Les journalistes de Midi Libre ont donc décidé à l'unanimité (1) de présenter un nouvel ultimatum par le biais de leurs représentants : si le plan social n'est pas suspendu dans l'attente des conclusions des audits qui doivent être menés sur la gestion financière et managériale dans les trois prochains mois (un point d'accord entre la direction et les personnels), les journalistes seront en grève ce samedi pour une non-parution du journal dimanche. Avec l'idée d'une reconduction de ce mouvement tous les samedis, ce qui entraînerait, chaque semaine, une perte de 300 000 euros pour le groupe. La réponse de Pierre Jeantet était attendue pour 16h.

À 17h30, il n' y avait toujours pas de fumée blanche... Mais le PDG a finalement parlé. En promettant aux journalistes de Midi Libre que tous les départs volontaires seraient remplacés par des CDD jusqu'à l'issue des audits, synonyme de nouvelle réunion de négociations sur l'emploi. Un geste apprécié par les journalistes de Midi Libre qui ne seront donc vraisemblablement pas en grève ce samedi, ni dans les prochaines semaines. Comme ceux de l'Indépendant. Au sein de ce titre, où ce sont surtout les personnels de la PAO et de l'informatique qui sont menacés par le plan social, les salariés tiennent pour acquis la promesse d'une non-supression de ces services et celle de la création d'un poste de directeur de l'Indépendant : ils préfèrent aussi laisser passer la période des départs volontaires, tout en étant prêt à une réaction en cas de déconvenues trop grandes. La page du conflit est tournée aux Journaux du Midi. Du moins, jusqu'à la prochaine séquence.

N.E

(1). 91 pour (51 présents et 40 pouvoirs) ; 0 contre ; 12 abstentions (7 présents et 5 pouvoirs).