Ici comme ailleurs, le 1er tour a démontré que l'étiquette « Majorité présidentielle » était un sérieux atout de victoire, suite à l'élection de François Hollande. (DR)

Législatives, J-2 : Petit tour d'horizon dans l'Hérault, en Languedoc-Roussillon

Du côté de Montpellier, en Languedoc-Roussillon, les candidats du PS ont tenu la dragée haute, lors du 1er tour des élections législatives. En infligeant de sérieuses déconvenues à leurs concurrents, qu'ils représentent l'UMP, le FN, le Modem, EELV ou le Front de Gauche. Ou, surtout, qu'ils ne bénéficient pas de l'étiquette « Majorité Présidentielle »...

Dans, ou aux abords de cette capitale régionale, nombreux sont ceux qui, ayant cru à la victoire, ont vu leurs espoirs se briser sur l'écueil de la dure réalité introduite par la réforme institutionnelle du quinquennat, effectuée sous la présidence de Jacques Chirac (UMP) par voie référendaire et effective depuis 2002.

La règle du quinquennat

A l'époque, les politologues avaient prévenu : le quinquennat sonnera la fin du système politique français unique dans le monde de « la cohabitation » entre un président de la République et une assemblée nationale relevant chacun et chacune d'une majorité différente. Force est de constater, depuis, que la cohabitation n'a jamais refait surface, tant il est implacablement probant que les Français, ou les électeurs, de manière générale, ne peuvent en toute intelligence, se déjuger, à un seul mois d'intervalle et sauf situation d'extrême urgence, l'affaire du tweet de Valérie Trierweiler (la compagne de François Hollande) ne semblant pas devoir faire partie de cette catégorie...

Chose que l'histoire proche nous dira très vite ! Mais ce 15 juin 2012, tout semble indiquer que la thèse d'une impossible réintroduction de la cohabitation dans le contexte du quinquennat sera à nouveau validée, au niveau national, avec l'élection d'une majorité présidentielle au second tour de l'élection législative à l'assemblée nationale.

C'est ce que laisse à penser l'étude des résultats observés dans l'Hérault, en Languedoc-Roussillon. Un département où, malgré la situation de tutelle de la fédération socialiste qui suspendue depuis novembre, perdure toujours de fait en l'absence de l'élection d'un premier secrétaire, Alain Fontanel n'ayant finalement pas été imposé (une situation statutaire encore récemment dénoncée par Philippe Saurel, candidat socialiste à la mairie de Montpellier en 2014), la rose l'emporte largement sur la globalité des circonscriptions de l'Hérault.

Une foule d'exemples

A l'image de Patrick Vignal qui après avoir mené campagne avec une jambe cassée, s'est retrouvé en tête du 1er tour sur la 9ème circonscription avec 34,75% des voix face à l'UMP Stéphan Rossignol (28,89%), une « circonscription de droite » que chacun pensait de part et d'autre de l'échiquier politique être « retaillée pour la droite » durant le mandat de Nicolas Sarkozy... Ou à celle du jeune Frédéric Roig, qui bon an mal an, en toute « discrétion », selon ses propres adversaires politiques, a capitalisé, à la force du porte-à-porte, un score de vainqueur sur la 4ème circonscription avec 31,82% des voix face au député UMP sortant Robert Lecou (25,39%). Idem pour Fanny Dombre-Coste, le porte-à-porte a plus que payé : elle se retrouve en pôle position sur la 3ème circonscription avec 33,95% des voix face à Jean-Pierre Grand ( 17,35%), également député UMP sortant qui, suite à son Villepinisme (synonyme d'anti-Sarkozysme) affirmé depuis plusieurs années, a même failli se faire tailler, dans cet entre-deux-tours, un costard politiquement funéraire par Jacques Domergue, l'un des hommes forts de l'UMP de l'Hérault. Ce, à la faveur d'un obus contre sa candidature de 2ème tour lancé dans Midi Libre (12.06.12), par lequel Jacques Domergue a appeler « à voter contre Jean-Pierre Grand ». Donc pour la candidate socialiste...

Et que dire du score héroïque de 39,34% réalisé par la socialiste Anne-Yvonne Le Dain, avec son suppléant Phillippe Saurel, sur la 1ère circonscription de l'Hérault, souvent considérée comme la plus importante dans la conquête de la Ville de Montpellier en 2014 ? Surtout que de nombreuses voix s'étaient élevées dans les quartiers populaires, notamment à La Paillade (La Mosson), suite à sa désignation à la candidature socialiste, pour dire qu'elle serait bien (mal) reçue dans les urnes...

Une bipolarisation avancée

Autres signes régionaux de la bipolarisation avancée du système politique national : Jean-Louis Roumégas, cadre de EELV qui s'avère dans l'opposition à la majorité socialiste au conseil municipal de Montpellier, a réussi l'exploit d'être désigné candidat de la « Majorité présidentielle » dans le cadre d'un accord législatif national entre EELV et le PS. Et il a récolté 26,55% des voix face à Christian Jeanjean, le député-maire UMP de Palavas (26,63%) qui se représentait sur la 2ème circonscription !

Pour illustrer l'ampleur du poids de cette étiquette de « Majorité présidentielle », il suffit de regarder le score réalisé par François Baraize, candidat tout aussi dynamique d'EELV, sur la 8ème circonscription de l'Hérault : 4,21%. Un score qui pèse plus que celui de Philippe Thinès, candidat du PRG écrasé à 1,32%, comme ont pu l'être par ailleurs, et en toute relativité, les candidats du Modem, du NPA ou du Front de Gauche, mais qui pour cette circonscription ne pèse pas grand chose à côté de celui réalisé par le candidat à la rose au poing du secteur : Christian Assaf (36,08%).

L'incertitude Assaf

A noter cependant que ce candidat pourrait peut-être bien être celui qui risquerait de faire échouer le rêve d'un « Grand Chelem » socialiste formulé par André Vézinhet, le président PS du Conseil Général de l'Hérault, pour son département, dès avant le 1er tour. Au lendemain du premier tour des législatives, Midi Libre (11.06.12) avait présenté Christian Assaf comme le grand favori du second tour en titrant ainsi son « papier tête » : « Christian Assaf favori du duel avec Arnaud Julien ».

Certes, Christian Assaf (36,08%) est arrivé avec quelque 10 points d'avance sur Arnaud Julien (26,46%), mais en duel avec le président départemental de l'UMP et surtout, en l'absence de la candidate du Front National Alexandra Poucet (qui a atteint 20,23% de voix au premier tour, mais n'a pas pu se maintenir faute d'avoir atteint la barre des 12,5% d'inscrits), la partie s'avère loin d'être facile à gagner pour l'ancien directeur de cabinet de Georges Frêche traité de « traître » par ce dernier, à l'issue de leur collaboration.

Au-delà de cet épiphénomène, il suffit de citer la défaite électorale à 12,69% de Cyril Meunier (maire de Lattes Sans étiquette et vice-président de Montpellier Agglomération, candidat sur la 1ère circonscription), ainsi que celle à 2,46% de Charles Khoury (candidat dissident du PS- et suspendu en tant que tel - sur la 2ème circonscription), comme celle du grand patron de la Comeca Joseph Francis (DVD) à 4% sur la 2ème circonscription, pour se convaincre définitivement que le logo PS constitue quasi-immanquablement, en ce mois de juin 2012, un sauf-conduit assuré pour la représentation législative des Héraultais.

« Seul le suffrage universel compte »

Mais comme le disait souvent Georges Frêche, figure politique très importante de cette région, après en avoir été élu maire de Montpellier durant 27 ans : « seul le suffrage universel compte ». Et « il faut se battre jusqu'au bout, comme des chiens », comme l'a immortalisé le fameux documentaire de Yves Jeuland.

En Languedoc-Roussillon, comme en France, ce dimanche 17 mai délivrera, encore une fois, par les urnes, tous ses enseignements, sur les équilibres des forces politiques en présence...

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