De longues files d'attentes devant les agences (DR)

Les agences d’Algérie Ferries prises d’assaut, des personnels évacués par les forces de l’ordre

La compagnie nationale algérienne a provoqué des scènes de panique devant les portes de ses agences. Les algériens vivant en France se sentent méprisés et humiliés après l’annonce d’un programme de trafic bien en-deçà de la forte demande pourtant prévisible durant la saison estivale

Une mission quasi-impossible dans des conditions cauchemardesques… tel est le triste sort des algériens résidant en France ou des franco-algériens qui désirent se rendre au pays durant la saison estivale.

Pour emprunter les lignes aériennes, il faut être en mesure de régler des tarifs prohibitifs, trouver une place relève presque du miracle. Quant aux programmes, c’est le flou total. Il faut s’armer de patience et garder ses nerfs pour déboucher sur une opportunité.

Qu’en est-il des traversées sur les ferries ? La compagnie  nationale algérienne a annoncé lundi 16 mai l’ouverture de la vente des billets pour l’été. « Le voyage hebdomadaire est autorisé sur les trajets Alger-Marseille-Alger et Oran-Alicante-Oran pour la période allant de juin à septembre 2022 », a indiqué un communiqué, soit environ 1800 places.

Sans surprise, le site d’Algérie Ferries a été vite saturé et les agences ont été aussitôt prises d’assaut, à Marseille, à Lille, à Lyon, à Paris où des clients ont tenté d’entrer en force dans les locaux et où des employés ont été évacués sous protection de la police hors du quartier de l’Opéra.

Des témoins rapportent que des bagarres ont éclatées et que des familles entières n’ont pas hésité à passer la nuit devant les portes closes des agences pour espérer arracher un billet à l'ouverture.

« Méprisés comme au temps de Bouteflika »

Ce chaos a déclenché l’intervention des forces de l’ordre françaises. Un député de l’immigration parle «d’anarchie totale » et « d’humiliation de la communauté et du pays ». Selon lui, il s’agit « d’un échec dans la gestion du dossier des transport ».

Les autorités algériennes sont pour l’instant silencieuses. Les consulats contactés n’ont rien à dire à propos de cette incroyable pagaille. Pas de communiqué non plus de la compagnie pour rassurer les voyageurs.

Pourquoi un trafic aussi faible dans une période de pointe et après près de trois années d’interruption des traversées? La forte demande était pourtant prévisible.

« Nous avons le sentiment d’être méprisés, comme au temps de Bouteflika. Nous envions nos voisins tunisiens et marocains qui ne vivent pas ce calvaire », martèle un père de famille en colère.

La balle est à présent dans le camp du ministère algérien des Transports. La situation interpelle jusqu’au sommet de l’Etat en faveur de mesures immédiates d’amélioration de la fréquence du trafic et des conditions de voyage. Inadmissible !