De la solidarité des habitants aux cris de colère des soignants dans une France confinée

Premier jour du printemps et quatrième jour de confinement en France… des journées certes amères, mais ô combien indispensables pour enfin barrer le chemin à ce crabe tueur qui assèche les poumons de milliers de personnes, passant de l’une à l’autre avec une célérité dévastatrice. Une bestiole inconnue qui prend le monde entier par surprise.

Voilà donc une première tranche de séjour dans une vaste prison à l’air libre, cet air que l’on doit seulement humer à travers les fenêtres ou sur les sentiers des jardins privés. Que pourrait-on en retenir ?

On peut commencer par une pensée pour les habitants de Gaza en Palestine, eux savent ce qu’est le confinement sous la chape de plomb du blocus inhumain imposé par Israël, puissance occupante. On n’ose pas imaginer le ravage que peut causer ce crabe tueur s’il venait à s’installer durablement sur cette bande de territoire devenue l’annexe de l’enfer.

On peut saluer ce formidable geste collectif de solidarité avec les soignants aux fenêtres et balcons dans de nombreuses grandes villes, à 20h tapante. De la musique, des chants, des applaudissements et des bravos, une belle image de cette France qui parle avec le cœur, pas celle hideuse et révoltante d’un policier entouré de ses collègues et qui assène un coup de pied dans les parties intimes d’un habitant présentant sa « dérogation » de sortie dans un quartier « sensible ». La France haineuse.

On peut et on se doit de rester attentifs aux cris de colère des personnels hospitaliers confrontés au sous-effectif, à la réduction des capacités d’accueil, au manque de moyens de protection, des personnels à bout de souffle, dont le courage et le dévouement laisseront une empreinte d’honneur dans l’histoire des épidémies.

L’arrivée surprise du virus tueur aura révélé, s’il était besoin, les conséquences désastreuses des politiques de santé successives, véritable rouleau compresseur infligé au secteur public de soins. Une bestiole dont on a apparemment sous-estimé la terrible capacité de nuisance, jusqu’à l’extinction de vies.

Des praticiens, représentants d’un collectif de soignants, viennent d’ailleurs de porter plainte contre le Premier ministre Edouard Philippe et Agnès Buzyn, ex-ministre de la santé. Ils leur reprochent de s’être abstenus «volontairement de prendre ou de provoquer les mesures permettant […] de combattre un sinistre de nature à créer un danger pour la sécurité des personnes»…

En attendant, le temps des français est meublé par les palabres répétitives et interminables des « experts » et autres stars de la santé sur les chaînes de TV, dans une course à l’audience des plus indécentes. Des coups de marteaux dont il faut aussi se protéger.