le chef de l’Etat français s’est à l’évidence égaré... (DR)

Le dérapage incontrôlé de François Hollande

Il s’est fendu d’une blague de comptoir pour amuser les représentants du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), qui fêtait ses 70 ans… Manuel Valls est revenu « sain et sauf » et « c’est déjà beaucoup » a « plaisanté » François Hollande à propos de son ministre de l’Intérieur qui avait accompagné à la mi-décembre le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à Alger.

Ces propos pour le moins ambigus, et qui plus est de la part du président de l’ancienne puissance coloniale, sèment le trouble dans les relations diplomatiques. L’Algérie a évoqué un « incident regrettable » et une « moins-value » pour les liens entre les deux pays.

« Nous avions terminé l'année 2012 sur le succès éclatant de la visite d'Etat de M. François Hollande en Algérie. L'année 2013 n'est pas encore terminée, nous ne souhaitons pas la terminer sur une mauvaise note, et nous souhaitons donc que nous puissions trouver dans les jours qui nous séparent de la fin de l'année un moyen de tourner la page de cet incident regrettable », a très justement déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra.

"Sain et sauf " ?

De quelle calamité Valls a-t-il été miraculeusement épargné en se trouvant à Alger ? François Hollande n’en a sûrement pas une idée précise, pas plus que l’auditoire à qui il s’adressait. Le chef de l’Etat français s’est à l’évidence égaré, assimilant la cérémonie d’anniversaire du CRIF à une rencontre informelle, un moment privilégié entre « amis » qui autorise à tailler une bavette sans précautions de langage, avant de passer aux choses sérieuses, à casser du sucre sur les « autres » avant d’échanger des hommages entre « gens respectables ». Le silence de l’Elysée est significatif de l’embarras devant cette improvisation surprenante et vaseuse du président à l’ouverture de son allocution.

Au-delà de la réaction très légitime des officiels algériens, François Hollande donne aussi du grain à moudre aux extrémistes de part et d’autre de la Méditerranée. L’extrême droite française trouvera sans doute dans ces propos de quoi alimenter ses discours haineux et les hordes d’obscurantistes qui tirent l’Algérie vers le bas toutes les raisons de s’abandonner à un délire d’amalgames stigmatisant les démocrates et les laïcs, habituellement accusés d’être « hizb frança » (le parti de la France). Un dérapage incontrôlé qui n'honore pas le chef de l'Etat Français.

Voir le discours de François Hollande devant le CRIF : 

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