La famille et les proches de Salah se rassembleront ce mercredi après-midi devant le tribunal de la rue Foch à Montpellier. Pour demander à l’avocat général et au procureur de la République de faire appel du jugement rendu vendredi par la Cour d'Assises des mineurs de l'Hérault. (© N.E)

Meurtre de Salah au Milk : un rassemblement contre "l’injustice" du verdict des Assises

La famille et les proches de Salah organisent un rassemblement d’indignation devant la cour d’Assises de l’Hérault, à Montpellier, ce mercredi 15h. Pour s’indigner de l’acquittement prononcé vendredi par le tribunal à l’égard du meurtrier présumé, cependant condamné pour tentative de meurtre ce même funeste soir, sur le parking du Milk, à l’encontre de celui qui avait voulu protéger ce jeune homme de 21 ans lynché à mort à coups de couteau dans le cœur. Leur espoir ? Que l’avocat général et le procureur de la République fassent appel de ce jugement, ce qu’ils sont les seuls à pouvoir faire. Médiaterranée a fait le point avec Rima, la sœur de Salah, et Me Michaël Corbier, son avocat.   

Après trois ans de bataille pour que toute la lumière soit faite sur la mort de son frère Salah, celle qui est allée jusqu’à mener avec grand succès ses propres investigations, est aujourd’hui littéralement assommée, suite au verdict de vendredi. Depuis trois ans, elle ne cessait de dire et d’écrire sur la page Facebook de soutien à Salah, avec une pudeur bien pondérée dans le temps, qu’elle avait perdu sa moitié, mais qu’elle trouvait courage dans la perspective d’une justice rendue pour son frère aujourd’hui disparu à cause de cette frénésie de violence connue pour pouvoir se déchainer pour un simple regard dit en croix.

"C'est comme si on avait tué mon frère une deuxième fois"

Depuis vendredi, elle est donc anéantie, mais plus que jamais lucide face à la douleur. « Ce procès, c’est comme si on avait tué mon frère une deuxième fois, c’est l’angoisse », se livre Rima, avant d’appuyer là où le bât blesse : « J’entends que la justice n’a pas été rendue pour mon frère au bénéfice du doute, alors c’est à cause de la loi du silence que le meurtrier de mon frère n’est pas clairement identifié et condamné. Comment une cour de justice peut entendre ça et le valider par son jugement ? Quel est le message adressé à la société par la justice française, c’est ça la République ? Je ne pense pas… »

« Ce n’est en effet pas un bon signal envoyé par la justice à la société », convient également de son côté Me Michaël Corbier qui a pris le dossier de la défense de Salah dans sa dernière ligne droite et souligne à ce sujet ceci, qui explique en partie, peut-être, mais qui sait, la nature du verdict délivré vendredi  : « On sait qu’une dizaine de personnes a participé au lynchage, seulement cinq ont été identifiées et une seule a été renvoyée devant la cour d’Assises des mineurs de l’Hérault, les quatre autre étant audiencées devant le tribunal correctionnel ».

"Responsabilités"

Revenant plus spécifiquement encore sur le sujet de l’omerta manifestée, l’avocat nous explique qu’« il aurait fallu combler ce vide par des investigations complémentaires » : « A l’inverse, la justice s’est buttée sur cette omerta… "Ce n’est pas moi, mais même si je sais qui a fait ça je ne le dirai pas", ce sont des déclarations que l’on a entendues pendant le procès, mais que l’on retrouve depuis le début de l’enquête ! C’était aux enquêteurs et à la justice de pouvoir faire en sorte que toute la lumière puisse être faite sur cette affaire. Il n’y avait pas d’images de vidéosurveillance, pas d’ADN, qu’un témoignage, un témoignage qui ne nous a pas suffi à ce jour… Mon grand regret, c’est que tout n’a pas été fait dans cette affaire depuis le début pour que l’aléa judiciaire soit réduit à néant. C’est plus qu’une injustice que la justice laisse ainsi la famille de Salah au bord de la route, après trois ans de souffrance. Aujourd’hui, nous pleurons avec la famille de Salah dont je tiens à saluer le courage remarquable dans cette terrible épreuve et nous l’accompagnerons jusqu’au bout du chemin ».

Comment ? « Nous, en tant que défenseur de la partie civile, nous ne pouvons pas faire appel, à l’issue d’un procès en assises seuls l’avocat général et le procureur de la République peuvent le faire. Le procureur de la République au terme de l’instruction avait renvoyé le présumé coupable du meurtre de Salah devant la Cour d’Assises et dans ses réquisitions l’avocat général a demandé que le prévenu soit condamné à 10 ans pour la tentative de meurtre et pour le meurtre de Salah. Aujourd’hui, le verdict aboutissant à un acquittement pour le meurtre de Salah, on ne comprendrait pas que l’avocat général et le procureur de la République ne prennent pas toutes leurs responsabilités en faisant appel, nous allons les inviter à le faire. »