Plus de quatre ans après le meurtre de Salah mortellement poignardé le 5 mai 2013 devant la porte d’entrée du Milk, célèbre boîte de nuit de Montpellier, un énorme sentiment de malaise vient à nouveau de s’abattre sur les familles des victimes.

Meurtre de Salah au Milk : grand sentiment d’injustice dans les rangs des victimes…

Info Médiaterranée. Nouveaux rebondissements dans l’affaire du meurtre de Salah devant la porte d’entrée du Milk. L’affaire suit son cours, mais à reculons… Analyses.

Plus de quatre ans après le meurtre de Salah, mortellement poignardé le 5 mai 2013 devant la porte d’entrée du Milk, célèbre boîte de nuit de Montpellier, un énorme sentiment de malaise vient à nouveau de s’abattre sur les familles des victimes, lasses d’une énième banqueroute de la justice dans la course résiliente de la vérité.

En effet, le procès en Assises qui devait se tenir ce 18 septembre 2017 dans le ressort de Carcassonne a été reporté "sine die", autrement dit sans date programmée. Pourquoi ? Parce que la présidente du tribunal qui devait audiencer cette affaire ne pouvait, techno-judiciairement parlant, présider cette affaire, étant donné qu’elle avait siégé, règles du droit oblige, dans une audience du juge d’instruction, suite à une demande de remise en liberté, demande qui avait été rejetée, au début de l’instruction de l’affaire en justice.

Problème : cette erreur d’affectation n’a été descellée qu’une dizaine de jours avant l’audience, ce qui lui a valu d’être reportée sans date programmée et a justifié la validation de la demande de remise en liberté obtenue par le tueur présumé incarcéré en préventive quelques semaines après ces dramatiques faits.

Coups de massue

Vendredi dernier, le 20 octobre 2017, Hakim Sleiman, le père de Salah, marche dans Montpellier quand il aperçoit par hasard, de loin, un jeune homme ressemblant au présumé meurtrier de son fils. Il n’y croit pas, mais renseignement pris, il apprend que Monsieur Reis, le meurtrier présumé de son fils, a été libéré le jour même. Un grand choc pour lui, son ex-épouse Badia, sa fille Rima et Louaï, le jeune homme qui était intervenu en vain, ce soir-là, pour tenter de veiller sur Salah, avant de prendre trois coups de couteau dans le dos. Trois coups de couteau heureusement non mortels pour sa part. Si elles savaient que le procès prévu pour le 18 septembre en Cour d’assises des mineurs était reporté, aucune de ces parties civiles n’avaient été informées de cette libération du présumé meurtrier.

"Je me méfie,  je ne fais plus confiance en personne", témoigne Louaï au micro de Médiaterranée : 
 

"A part dans les personnes humaines comme le gardien du parking du Milk qui a malgré les pressions, confirmé ce que je disais : Salah a été lynché à mort devant l’entrée de la porte du Milk par cette bande, pas du tout loin sur parking comme certains ont voulu le faire croire, pendant que je prenais trois coups de couteaux dans le dos parce que j’avais vu le videur du Milk haut de deux mètres et pesant plus de 100 kg prendre en clé d’étranglement Salah pour le jeter dehors et comprendre ce qu’il se passait. J’ai vu ma vie défiler, comme on dit… Tout s’est passé très vite, en une minute. Quand j’ai mis mes mains dans le dos, j’ai vu mon sang sur mes mains, je ne sentais rien, mais j’ai compris que j’avais été poignardé. Heureusement, je m’en suis sorti. Ce qui me choque plus que tout aujourd’hui, c’est le sort qui a été réservé à Salah et à sa famille ce soir-là, jusqu’à aujourd’hui. Pour moi, on n’est plus dans les erreurs d’inattention, là, on est dans des aberrations complètes, en permanence".

Flashbacks

Venir seul à une phase de reconstitution de la scène du crime et en repartir seul, sous la pression, certes, ce n’est pas facile ; faire un entretien avec un expert médical du tribunal destiné à évaluer son degré de choc suite à ce déchainement de violences gratuites et s’apercevoir ensuite que l’information a été omise du dossier, non plus…

"Où en est la plainte que nous avons déposée contre le Milk ?", pleure aussi Badia, la mère de Salah. Elle est toujours en cours d’instruction après avoir été dissociée de la première et même plainte déposée simultanément pour la mort de son fils, sachant que cela peut tout simplement se terminer un bon matin par un non-lieu. "Où en est l’avis de recherche international lancé contre le vigile du Milk qui, après la mort de mon fils et sa convocation au tribunal est parti à la Réunion, puis en Thaïlande ?", pleure aussi Badia, aujourd’hui convaincue que rien n’est fait pour le retrouver.

Des questions et des larmes que la justice peine à étancher, au grand dam de son avocate, Me Chantal Corbier :

« Il faut que la justice passe et le plus rapidement possible ! La justice manque de moyens et ce report d’audience en est un exemple : il n’y a que trois juges habilités à présider aux tribunaux des Cours d’Assises des Mineurs entre Montpellier, Perpignan, Carcassonne et même parfois Rodez ! Si l’un d’entre eux avait été disponible, l’audience aurait pu être maintenue ! Aujourd’hui, nous ne pouvons que regretter ce manque de moyens et que la présidente de la Cour d’Assises des mineurs ne se soit pas rendue compte plus tôt de son impossibilité à présider l’audience prévue... Maintenant, il faut qu’une audience soit programmée le plus vite possible et souhaiter que la prochaine se passe dans de meilleures conditions que la précédente, sans pressions et en sérénité, pour que la justice fasse son travail. »

Nouveau problème : suite à ce "bug" de la justice et à la libération du meurtrier présumé, la logique calendaire de la justice voudrait que le procès en Assises se tienne dans 18 à 24 mois. A moins que ?  Ce soir, Hakim Sleiman qui avait coécrit une lettre au président de la République française pour supplier la justice de faire son travail, au risque d’ être tenté de faire justice soi-même, écrit à nouveau une missive. Cette fois-ci au juge d’instruction et au procureur de la République. Pour leur dire explicitement que son fils, sa famille, ses proches et les autres victimes méritent mieux, bien mieux, dans le traitement de cette dramatique affaire... A suivre !