Le saxophoniste Manu Dibango a été emporté par le coronavirus

Le saxophoniste est mort à l’âge de 86 ans des suites d'une contamination au coronavirus,

« Son héritage, immense, va rester, sa créativité était géniale, il faisait danser les gens, avec une efficacité redoutable », Martin Meissonnier, DJ et producteur historique des musiques du monde, cité par l’AFP.

« Tu as été un grand frère, une fierté pour le Cameroun, et pour l'Afrique toute entière », a twitté le chanteur Youssou Ndour  

« Le monde de la musique perd l'une de ses légendes », a commenté le ministre Français de la Culture français Franck Riester, sur les réseaux sociaux

L’AFP dresse le portrait de cet immense musicien

Emmanuel N'Djoké Dibango est né le 12 décembre 1933 à Douala (Cameroun), dans une famille protestante très stricte. "Mon oncle paternel jouait de l'harmonium, ma mère dirigeait la chorale. Je suis un enfant élevé dans les +Alléluia+. Ça n'empêche que je suis africain, camerounais et tout ça", confiait encore cette haute silhouette au crâne glabre à l'AFP. Son père, fonctionnaire, l'envoie en France à l'âge de 15 ans, dans l'espoir d'en faire un ingénieur ou un médecin.

Après 21 jours de bateau, Manu Dibango rejoint Marseille, puis Saint-Calais dans la Sarthe. Dans ses bagages, "trois kilos de café" -- denrée rare dans l'immédiat après-guerre et titre de son autobiographie --, pour payer sa famille d'accueil. Puis il étudie à Chartres, où il fait ses premiers pas musicaux à la mandoline et au piano.

Dans cet univers blanc, l'adolescent qui, de son propre aveu, "ne connaissait pas la culture africaine", s'identifie aux vedettes afro-américaines de l'époque. Count Basie, Duke Ellington, Charlie Parker deviennent ses "héros".

"Papa Manu" découvre le saxophone lors d'une colonie de vacances, traîne dans le Saint-Germain-des-Près de Boris Vian et finit par échouer à la seconde partie de son baccalauréat. Son père, mécontent, lui coupe les vivres en 1956. Il part alors pour Bruxelles, où il court le cachet, jouant de la variété. "A mon époque, il fallait faire des cabarets, des bals, des cirques. Jouer avec un accordéoniste comme André Verchuren assurait quelques dates", racontait-il.

Son séjour belge est marqué par deux rencontres fondatrices: la blonde Marie-Josée, dite "Coco", qui devient sa femme, et Joseph Kabasélé, chef d'orchestre de l'African Jazz. Dans l'effervescence des indépendances, le musicien congolais lui ouvre les portes de l'Afrique.