Comme durant les années noires en Algérie, les victimes sont sournoisement montrées du doigt... (DR)

Tunisie: de la nécessite à rompre avec l’intégrisme islamiste

Le bras armé de l’obscurantisme a encore frappé au cœur du mouvement démocratique et laïc Tunisien, cinq mois à peine après l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd.

Les assassins de Mohamed Brahimi, député de l’opposition de gauche, ont sauvagement éteint une voix précieuse de la famille qui avance dans ce pays, avec le même mode opératoire et la même arme, selon les autorités.

Le ministre tunisien de l'intérieur, Lotfi Ben Jeddou, accuse ouvertement le salafiste "extrémiste" Boubaker Hakim, contrebandier notoire spécialisé dans le trafic d’armes en provenance de Lybie.

Le président Moncef Marzouki, reconnait pour sa part un « un lien politique » entre les deux crimes, dont l’objectif est de « déstabiliser la Tunisie, l'empêcher de réussir sa transition et la volonté de semer la zizanie entre les forces politiques ».

On l’aura vite compris, les forces aux commandes du pays dans cette phase décisive cherchent avant tout à préserver un consensus mou, plutôt à l’avantage des islamistes d’Ennahda qui tentent de se maintenir coûte que coûte au pouvoir.

Ces derniers ont beau jeu de se dédouaner à la faveur d’une situation confuse, du climat de violence dans le pays, de son exposition aux conséquences de l’anarchie qui règne en Libye, du renforcement de la force de frappe des groupes armés….

Nul n’est dupe cependant, les hordes de salafistes ne décident pas de leur propre chef de tels assassinats ciblés. Ceux-ci leurs sont suggérés, voire ordonner en sous-main. Comme durant les années noires en Algérie, les victimes sont sournoisement montrées du doigt, parmi les hommes de gauche, les syndicalistes, les intellectuels, les journalistes… La liste commandée aux assassins n’est sûrement pas close.

Alors, disons-le tout net : Moncef Marzouki et les autres forces qui partagent le pouvoir avec les islamistes portent une lourde responsabilité. Elles hypothèquent l’avenir de la Tunisie, détournent l’héritage de la Révolution, trahissent l’espoir de millions de Tunisiens dans la construction d’une authentique démocratie. Ces partis-là jouent avec le feu.

Il n’est pas d’autre issue pour les mouvements de progrès tunisiens que le rassemblement, et vite, en vue d’une rupture radicale et historique avec l’intégrisme islamiste à la source de la barbarie.