L'Hôtel de Ville d'Avignon (DR)

La ville d’Avignon impose l’inhumation des musulmans dans des «cuves bétonnées»

Les musulmans d’Avignon sont sous le choc devant une décision municipale imposant l’inhumation dans des cuves en béton entreposées sur les carrés réservés aux citoyens de cette confession.

Le texte daté du 1 février 2012 du Bureau des Cimetières qui fixe les tarifs applicables suite à ces aménagements "de cuves bétonnées des carrés 30 et 31", soit un minimum de 1332,15 euros pour une «place » et 894 euros pour enfant sur la concession décennale, suscite indignation et colère dans la communauté.

Président de l’association « Amitiés et entraide Françe Algérie », Benyoucef Hamroun se dit consterné devant cette pratique. «Ces concessions sont accordées depuis 1977. Nous nous sommes conformés la règle d’inhumation dans un cercueil prévu par la législation française de la santé, mais pourquoi imposer subitement une cuve en béton en plus ? », s’interroge-t-il, rappelant que « le rite musulman préconise que le corps soit inhumé en pleine terre ».

Aucunement sollicitées pour donner leur avis, ni même informées de la décision, les associations cultuelles et autres ont fait cette découverte lors de cérémonies d’inhumation. Elles ont alors tapé à toutes les portes de l’Administration à la recherche des fondements légaux de cette décision.

De la préfecture au Ministère de l’Intérieur et du Culte, aucune trace d’un texte de loi justifiant ce bétonnage des corps enfermés dans des cercueils réglementaires. Les dirigeants associatifs s’entendent dire en revanche que dans tous les cas, la mesure doit faire l’objet d’un arrêté municipal rendu public par affichage. Démarche qui fait curieusement défaut.

Concernée pourtant au premier chef, la maire d’Avignon, Marie-Josée Roig (UMP, droite) renvoie quant à elle tout simplement sur l’élu délégué aux cimetières.

Vécue comme une provocation...

« Nous sommes finalement confrontés à ce qui serait une initiative d’un fonctionnaire, qui aurait décidé des aménagements de cuves en béton et de fixation de nouveaux tarifs passant de 162 euros à 1332,15 euros ! Mais personne n’y croit vraiment », résume Benyoucef Hamroun.

De son côté, incapable de justifier la mesure, l’élu zélé, et qui plus est d’origine marocaine, donne le sentiment d’être manipulé dans le contexte électoral des législatives.

« Cette décision est vécue comme un rejet et une provocation autour du thème sensible des rites funéraires. Elle a été prise dans le contexte de stigmatisation sur le thème de la viande halal et autre et a été maintenue », commente le dirigeant associatif.

Résultat : la tension monte dans la communauté musulmane d’une ville « très très à droite », où le Front National caracole régulièrement avec des scores record (20,51% pour Marine Le Pen au premier tour des présidentielles 2012).

Ainsi, dans la « cité des Papes », décorée aux couleurs de la droite et de son extrême, le bétonnage funéraire au prix fort de corps de musulmans n’est sûrement pas sans lien avec la politique… de bas étage.