Le 29 juin 1992, on a tué un homme et enseveli avec lui un projet et une idée  de redressement qui eurent changé la face de l’Algérie.

Mohamed Boudiaf : l’espoir foudroyé

«  L’Algérie avant tout !  » . Une formule passée à la postérité. Moins de cinq mois avaient suffi aux Algériens pour déposer tout leur  espoir, toutes leurs espérances dans ce monument du mouvement national de libération accouru à la rescousse d’un pays qui s’abimait dans un effroyable chaos. On comptait les morts tous les jours et on avait cessé de compter sur qui que ce fut.
 

Un immense patriote

Ceux qui contrôlaient le pays, "les décideurs", dépassés par l’ ampleur de la crise et des événements , à la légitimité ténue et en défaut de solution et d’issue , firent appel à ce homme dont le passé patriotique et révolutionnaire pesait lourd dans  l’ "histoire contemporaine de l’"Algérie. Boudiaf était enveloppé d’une véritable aura de pureté, d’héroïsme,  d’irréprochabilité, de sobriété. Il était éloigné depuis des décennies  de tout clivage politique et vivait modestement du produit d’une petite briqueterie qu’ il gérait à Kenitra , au Maroc ".
Il avait accepté l’appel non pour les fastes et les ors du pouvoir qu’il  réprouvait par-dessus tout,  mais parce que l’heure était grave et que le pays était au bord d’une authentique guerre civile. L’Etat se délabrait et on ne comptait plus les attentats, les destructions …
 
Il saisit très vite la nécessité d’un appui, une assise populaire pour entreprendre les changements , les ruptures indispensables à la réhabilitation de l’ Etat et à la reconstruction nationale .
 "Dire la vérité au peuple", cinq mots de Mohamed Boudiaf qui ont opéré  chez le vrai peuple  comme un cri de ralliement . Mais les barons gavés de rapines, les mains sur les richesses nationales, "la mafia politico – financière" ne l’avaient pas entendu de cette oreille. Et, juste au moment où l’œuvre allait prendre son envol, le complot agit et lui brise les ailes.
 
Le 29 juin 1992, on a tué un homme et enseveli avec lui un projet et une idée  de redressement qui eurent changé la face de l’Algérie.
L’immense douleur et  l’explosion de désespoir  populaires avaient fait mesurer combien d’espoir cet homme, à lui seul, avait apporté à ses concitoyens par la force de sa passion de l’Algérie.