Tout est dit dans le texte écrit par Mathieu Sapin sur l'affiche de son premier long métrage, "Le Poulain" !

"Le Poulain" : Quand Mathieu Sapin croque la politique avec Alexandra Lamy tout en sourire !

On a beaucoup aimé "Le Poulain" de Mathieu Sapin et on vous dit pourquoi ! Passer du dessin de presse de caricature politique en mode BD au format cinéma, c’est comme dire que "la critique est aisée, mais l’art est difficile". Mathieu Sapin s’y est employé à la perfection pour son premier long métrage avec, en tête d’affiche, si l’on peut oser l’expression, Alexandra Lamy et son sourire tout aussi charmeur que farouchement vorace ! Chronique !

Le sujet ? Un jeune de 25 ans, Arnaud Jaurès, alias Finnegan Oldfield, qui se retrouve de but en blanc propulsé d’un cours de langue dispensé au Canada où il est amoureux d’une Canadienne, au sein d’un staff de communication politique en pleine campagne française des primaires, prémisses de l’élection présidentielle, rien que ça ! Qui dit "Poulain", dit "jeune premier", mais avant, il faudra apporter les cafés et repasser le linge auprès d’Agnès Karadzic, alias… Alexandra Lamy !

Et de se faire aussi, l’air de rien, bachoter, draguer par Catherine Beressi, alias Valérie Karsanti. Comme entre un marteau et une enclume ! Avec derrière, depuis le début à la manœuvre, en guise de douce sourdine, Daniel, alias Philippe Katerine.

Apprentissages

De petites en plus ou moins grosses gaffes, Jaurès junior (on ne sait pas trop ce qu’il en est dans l’arbre généalogique) prend ses marques. Et il en faut des marques, dans la jungle du back-office du mundilllo politico-médiatique dépeint ! Au fil des séquences en forme de cases de BD de Mathieu Sapin (auteur du savoureux "Le Château") transformées cinématographiquement et rythmées de sons jazzy ou de reprises sonores très, très originales du chant patriotique "La Marseillaise", le Poulain écoute, observe, apprend, réfléchit… Il s’inspire des mœurs et coutumes en vogue dans un monde joyeusement baroque, entre clair et obscur, le silence et l’intelligence en plus. Avant de lancer une, puis deux, puis trois phrases percutantes, voir sidérantes dans son pool de campagne en cycle trou noir, absent...

Big Bang

Il parle peu, mais sort des bonnes idées en quelques phrases dans ce qui s’apparente à la mise en scène d’une course de petits chevaux sur le seul fond d’analyses sondagières aseptisées et de frénétiques meutes de journalistes courrois de transmissions d’une information en continue pour le moindre évènement un tant soit peu croustillant dans la conquête de l’Elysée.

Dans toute cette symphonie rendue cacophonique par certains protagonistes dévorés par la concurrence interne au staff de Com’ à coups de testostérones, d’œstrogènes, de phéromones et de volonté de puissance, Arnaud Jaurès gravit au fil du film, tous les échelons d’une ascension fulgurante. Il incarne le côté noble de la politique, celle qui, dans sa discrète réserve comme dans ses drôles de maladresses et ses fougueuses envies d’amour, ne comprend pas le manque d’action.

Tout un programme

Il faut en effet attendre longtemps pour entendre parler de programmes, au cœur de ce film humoristiquement critique, dans la bouche des candidats à la fonction suprême : nos oreilles résonnent surtout d’éléments de langage de communication politique, comme si une campagne n’était qu’un slogan publicitaire machiavélique et que cela marchait seulement ainsi ! Puis, tout à coup, à peu près au milieu du gué de la projection, on entend enfin le mot "programme" et quelques pistes de réflexions suivies d’une ferme action verbale d’Arnaud Jaurès.

C’est lui "Le Poulain", qui, après avoir précédemment lancé le fameux spot "GPS budgétaire" faisant l’unanimité impressionnée de ses collègues de la Com’, parvient, devant ses coéquipier.e.s devenus impuissants, à relever l’étalon candidat de son staff, Pascal Prenois, alias Gilles Cohen. Comment ? En lançant cette phrase qui fait grand écho à la polémique ouverte un temps entre Nicolas Sarkozy et François Fillon au sujet de l’expression "prendre la France", une polémique rapportée dans le monde réel par les médias réels, quand c’était d’actu :

"La France, elle attend que ça, d’y aller de la prendre comme ça et de lui mettre son tarif, tu vois, comme un homme !"

 

 

Ça tire !

Satyre, vous avez dit satyre ? Oui ! Mais tout est délicieusement enrôbé de la malicieuse bienveillance de Mathieu Sapin qui n’a pas hésité à se mettre en scène lui-aussi, comme lors de son court métrage de mise en jambe, "Vengeance et terre battue". Pas de démagogie populiste dans l’air, juste un regard objectivement décalé et souriant. En conclusion du film, face au Poulain, il chuchote à l’oreille de la Présidente élyséenne pour le grand accord final, mais shut, c’est un accord final qui ne préjuge pas de la suite, une marche d’escalier pouvant être prise dans le sens de la montée comme dans celui la descente. Un virevoltant et bienheureux échiquier grandeur nature ; du bleu, du blanc, du rouge, un nouveau "je te rappelle", SMS textoté en attendant le suivant et des dessins bien évidement signés Mathieu Sapin dans le générique de fin en attendant la suite… Il paraît en effet que certains y pensent tous les jours le matin en se rasant et cela fait bien rire !

Interrogé par Médiaterranée, suite à son propre visionnage du film, un Montpelliérain impliqué dans la vie associative et politique de sa cité et de la Nation, nous a délivré son sentiment, un sentiment qui retentit comme une chronique :

« C’est un très bon film sur les coulisses sombres de la politique et les jeux de pouvoirs au sein d'un staff d'un candidat, c’est "Un baron noir" humoristique à voir au grand écran ! »

Post Scriptum : Confortablement installé dans les superbes fauteuils du Cinéma Mégarama Saint-Gély-du-Fesc, on a testé pour vous "Le Poulain". Si l’on n’avait pas aimé, on vous l’aurais dit de suite, mais la vérité, c’est que l’on a ri à s’en fendre les côtes du début à la fin et que l’on vous invite chaudement à en faire de même ! Vive la caricature, le cinéma, la liberté d’expression et d’action, ainsi que la République, comme dirait l’autre !