Jeudi, le fondateur du Modem a été particulièrement critique envers le bilan du candidat sortant, Nicolas Sarkozy. (DR)

Perpignan : François Bayrou distribue les cartons rouges à droite et à gauche

Comme François Hollande (PS) et Nicolas Sarkozy (UMP), François Bayrou (Modem) était l'un des sept candidats à l'élection présidentielle présents à Montpellier, jeudi, à l'invitation du congrès national de la FNSEA.

Exploitant de père en fils et adhérant de ce syndicat agricole, François Bayrou n'aura pas eu de mal à séduire l'auditoire du Palais des Congrès, auquel il était le premier à s'adresser ce jeudi matin : « Lorsque des agriculteurs me font part de leurs difficultés, ce ne sont pas des dossiers que j’ai en face de moi, mais des visages. L'agriculture, ce n'est pas seulement dans la tête et dans les bras mais aussi dans les tripes », a notamment lancé le candidat à l'élection présidentielle.

Le fondateur du Modem qui avait créé la surprise en 2007 en s'imposant au premier tour de l'élection présidentielle comme le troisième homme du scrutin, s'est ensuite envolé pour tenir un meeting à Perpignan, dans la capitale départementale des Pyrénées-Orientales, en Languedoc-Roussillon. Avec l'envie de remonter aux plus hauts niveaux d'ici le 22 avril 2012, alors que les derniers sondages délivrés par les instituts le positionnent à la cinquième position.

Statistiques et mensonge

Ouvrant son discours par les remerciements d'usage et une plongée historique dans l'amitié tissée entre Catalans et Béarnais, il y a un millier d'années, à la faveur des Fors de Béarn, François Bayrou est ensuite revenu sur le sujet de sa matinée montpelliéraine, le congrès de la FNSEA. En ces termes : « J'ai été choqué que, il y a quelques jours le Président de la République française dise que (...) les revenus agricoles avaient été multipliés par 3 cette dernière année. Ce qui est, demandez à tous les agriculteurs que vous connaissez, (...) une contre-vérité absolument frappante. Et quand on fait l'enquête pour savoir comment on a pu arriver à un tel chiffre, alors on s’aperçoit que statistiquement, ils ont enlevé des statistiques, toutes les exploitations qui faisaient moins de 150 000 euros de chiffre d'affaires. C'est à dire toutes les petites exploitations du pays. Ça veut dire qu'ils ont fait des statistiques uniquement avec le haut du panier agricole et on vérifie une fois de plus, là, que les statistiques, c'est une manière très élaborée de manier le mensonge. Moi je veux des statistiques qui disent la vérité et que le monde politique reconnaisse les difficultés du monde agricole ».

Lancé, François Bayrou égrène ensuite les sujets. Les langues régionales d'abord : « Nous défendons les Régions contre l'uniformité jacobine. Ce qui est une occasion pour moi de dire que nous sommes ceux qui défendons l'identité des régions. (…) Nous considérons, contrairement à certain nombre de ceux qui s'expriment, que les langues et cultures régionale sont une richesse de la Nation, qu'il faut les défendre, qu'il faut les transmettre. (…) Ce sont nos richesses, autant que celles de la France rassemblée ». La campagne présidentielle, ensuite : pour François Bayrou « les Français ont le droit d'être en colère contre la campagne présidentielle comme elle est organisée », car ce n'est pas « une campagne présidentielle où l'on ouvre les yeux sur les difficultés du pays et où l'on forge la volonté pour les affronter ».

Et le candidat centriste de citer les exemples funestes de l'« Espagne », de l'« Italie », du « Portugal » et de la « Grèce ». Pour brandir cet avertissement : « nous savons de quoi est menacé la France, si elle ne reprend pas son destin en main. (…) Elle est menacée du même sort que nos voisins. Et ce sort-là, il se traduit pour chacune des familles concernées ».

Une troisième voie et des axes stratégiques

Fidèle à la recette qui a fait son succès en 2007, celle d'une troisième voie qui vise, en 2012, l'objectif d'une dette nationale résorbée sans coupes sombres, François Bayrou a aussi distribué des cartons rouges. A gauche, comme à droite. En commençant par une phrase prononcée ce même jeudi par François Hollande et rapportée ainsi par le candidat du Modem : « Il n'y a qu'un enjeu dans la campagne présidentielle : continuer ou changer ». Pour François Bayrou, la seule question qui vaille, c'est : « s'en sortir ou pas ? »

« François Hollande (...) se promène dans cette campagne électorale en prenant le plus grand soin de ne rien dire qui engage l'avenir, sauf à signer des chèques pour un montant qui avoisine maintenant les 30 milliards d'euros supplémentaires par an, critique François Bayrou. Il fait en sorte que le crédit du pays se trouve encore détérioré, encore précarisé pour les années qui viennent. »

Au rayon des cartons rouges, est venu ensuite le tour de Nicolas Sarkozy. Et la note est particulièrement salée. « Quand je vois Nicolas Sarkozy dire : ''je serai un candidat différent''. Je me dit que tant qu'à faire pour avoir un Président différent, il faut changer de Président ». Et les derniers diagnostics sociaux de la France (« 11 millions de pauvres » et « 5 millions de chômeurs ») ne représente pas « un bon bilan » qui permette de « reconduire les sortants ». Rien ne sert de se cacher derrière le prétexte de la crise financière et économique pour François Bayrou qui en veut pour preuve, la bonne tenue de l'Allemagne face à ce même contexte de crise... François Bayrou l'a dit et le redira, d'ici le 22 avril prochain. Comme il reparlera de ses axes stratégiques que sont le « développement économique », la « recherche », l'« innovation » ou « l'indépendance des médias ». Pour tenter de recréer une surprise en 2012...

Voir la vidéo intégrale du meeting de François Bayrou à Perpignan :