Mohamed Lakhdar-Hamina : une légende du cinéma algérien s’éteint

Mohamed Lakhdar-Hamina : une légende du cinéma algérien s’éteint

Mohamed Lakhdar-Hamina, figure monumentale du cinéma algérien et panafricain, est décédé le 23 mai 2025 à l’âge de 95 ans. Réalisateur et producteur de renom, il demeure à ce jour le seul cinéaste arabe et africain à avoir remporté la Palme d’or au Festival de Cannes, consacrant son œuvre comme un pilier du cinéma engagé et humaniste.

Né le 26 février 1930 à M'sila, Lakhdar-Hamina est formé au Centre national du cinéma en Tchécoslovaquie, un parcours qui forge sa sensibilité artistique et politique. Très tôt engagé dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie, il met son art au service de la mémoire collective et de la cause nationale. En 1963, juste après l’indépendance, il cofonde l’Office national pour le commerce et l'industrie cinématographique (ONCIC), jetant les bases d’un cinéma algérien autonome et revendicatif.

Son œuvre la plus célèbre, Chronique des années de braise, remporte la Palme d’or à Cannes en 1975. Ce film monumental retrace les prémices de la guerre de libération algérienne à travers le regard d’un paysan. Véritable fresque historique et poétique, l'œuvre marque les esprits par son souffle épique, sa portée politique et sa dimension universelle. Avec ce chef-d’œuvre, Lakhdar-Hamina inscrit l’Algérie dans l’histoire du cinéma mondial et devient un symbole de la dignité retrouvée des peuples colonisés.

Une œuvre ancrée dans la quête de justice et de liberté

Tout au long de sa carrière, il réalise plusieurs films marquants comme Le Vent des Aurès (1966), Hassan Terro (1968) ou encore Décembre (1972), qui explorent les traumatismes de la colonisation, les luttes populaires et les espoirs de construction nationale. Sa mise en scène rigoureuse, sa photographie inspirée et son sens du récit en font un cinéaste complet et visionnaire.

Récompensé et célébré à travers le monde, Mohamed Lakhdar-Hamina reste un phare pour les générations de cinéastes algériens et africains. Son fils, Malik Lakhdar-Hamina, a suivi ses traces, perpétuant un héritage cinématographique et intellectuel d’une rare intensité.

Avec la disparition de Mohamed Lakhdar-Hamina, l’Algérie perd l’un de ses plus grands artistes, un témoin de son histoire et un artisan de sa mémoire. Son œuvre, profondément ancrée dans la quête de justice et de liberté, continue de parler au présent et d’inspirer l’avenir.