Faisons un rêve...

Ahmed Ouyahia, ex chef du gouvernement algérien  (de 1996 à 1998, puis de 2003 à 2006) reprend du service à la tête de l’exécutif en remplacement de Abdelaziz Belkhadem. Pourquoi un tel remaniement et que signifie-t-il ? La question occupe évidemment l’ensemble des médias en Algérie. Les analyses doublées de spéculations vont bon train.

Dans l’ensemble, ce retour est bien perçu, jugé même salutaire. Personnalité aguerrie, Ouhayia conviendrait parfaitement à la situation présente, sous haute tension au plan social, notamment, marquée également par une recrudescence des actes terroristes. Il en a vu d’autres, explique-t-on. Son prédécesseur quitte en effet le gouvernement avec un triste bilan, et qui plus est dans une période où les recettes pétrolières n'ont jamais été aussi florissantes.

Remaniement d’envergure donc, accompagné de quelques retouches de l’équipe ministérielle. Doit-on pour autant s’attendre à de grands changements dans la conduite des affaires du pays ? Rien n’est moins sûr, tant le mal qui ronge l’Algérie est dans la logique même de fonctionnement du système. Cela étant, rien n’interdit de rêver.

Peut-être, pourrait-on alors espérer d’Ahmed Ouyahia qu’il sorte le gouvernement de sa léthargie, qu’il bouscule ses ministres afin qu’ils réalisent les programmes dont ils ont la charge. Espérer aussi qu’il use en urgence de la manne financière disponible pour créer des emplois, sauver du désespoir une fraction sans cesse croissante de la jeunesse algérienne, minée par l’envie de "brûler" les chemins de l’exil pour fuir le chômage et la misère. Espérer qu’il déclare la guerre à la corruption, qu’il fasse barrage à l’évasion fiscale et au blanchiment d’argent, qu’il encourage l’investissement productif plutôt que l’économie de bazar. On peut enfin lui demander de secouer jusquà la clientèle de son parti (le RND) qui ronronne tranquillement à l'abri de la rente pétrolière.

Dans ces conditions, et seulement celles-là, Ahmed Ouyahia s’attellerait vraiment à la tâche dans l’intérêt des algériens… Faisons un rêve.